Œuvres. Tome deuxième

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l'aspect d'un de ces intérieurs flamands tant vantés en Europe. Tout avait sa place, rangé, épousseté, brossé, nettoyé, comme si une main de femme eût présidé à cet arrangement auquel il apportait un soin jaloux. Le soir, quand il sortait de chez son patron, car celui-ci le nourrissait, il se rendait tout droit dans sa maisonnette et, assis devant sa porte, à califourchon surune chaise en mauresque et bébélé, il fumait placidement sa pipe, ne pensant à rien, l'âme perdue dans une profonde rê verie que troublait seul le« bonsoir, monsieur Jean-Paul » que lui adressaient les passants et auquel il répondait avec une ■ bonhomie quasi protectrice. Il n'avait que peu d'amis, sachant, quoiqu'illettré, que : « Rien n'est si commun que le nom, « Rien n'est plus rare que la chose ».

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Aussi le voyait-on presque toujours seul et c'est seul aussi que, le dimanche, après vêpres, vêtu d'une manière irréproj chable, il allait faire sa promenade, uni cigare à la bouche, sa canne à la main, I soit Derrière-le Morne, soit au Bas de la Source.

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Personne ne lui connaissait de m aîtresse. Il vivait chaste, sans désirs, le cœur on quelque sorte fermé. Non qu'il mêpri-


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