La littérature antillaise

Page 103

—79 —

le sens populaire a créé une éternelle méthode. Et ainsi a germé du sol français l'incomparable harmonie des mots, dans la floraison toujours plus belle de l'écriture et du verbe. I I Sans le paraître, les écrivains du XVIIesiècle ont fait une étude approfondie de la langue phonétique. C'est peut-être tout le secret de leur art. Car le rythme oblige à des recherches qui sont des règles. Et il n'y a tel que le bon entendement des règles pour donner au style la simplicité, la correction et l'élégance qui font toute sa beauté. La langue française se prête admirablement à toutes les nuances du son. C'est la langue où la liaison s'impose le plus souverainement. Et selon ses modulations, la phrase a un caractère. Ses moindres expressions résonnent dans la pensée délicatement. Rien qu'une accentuation donne un sens particulier aux mots. Dans l'acte V, scène III de Cinna, Corneille fait dire par Auguste : Je suis maître de moi comme de l'univers : Je le suis, je veux l'être. 0 siècles ! ô mémoire ! Conservez à jamais ma dernière victoire...

Rien qu'en prononçant maitre comme, siècles, on donne une ampleur majestueuse aux deux premiers vers. Et cela se sent d'autant plus


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.