La perte d'une colonie : La Révolution de Saint-Domingue

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— 48 — valeur pour la colonie. De plus, on lui reprochait de faire lui-même peu de cas de ces décrets qu'il invoquait, puisqu'il n'avait pas encore fait prêter Je serment civique aux troupes de Port-au-Prince. L'assemblée provinciale du Nord se prévalut même de cette circonstance pour déclarer « qu'elle ne reconnaîtrait pas le gouverneur général comme dépositaire du pouvoir exécutif, tant qu'il n'aurait pas satisfait à cette obligation ». Décidée àl engager la lutte, elle avait condamné l'intendant Barbé de Marbois à être pendu et son corps brûlé. L'exécution eut lieu en effigie, le soir, à la lueur des torches, en présence d'une foule immense. A Bacon de la Chevalerie, Larchevesque-Thibaud avait succédé en qualité de président de l'assemblée provinciale. A peine était-il nommé, qu'il prenait l'initiative des mesures les plus violentes. Le 29 janvier 1790, il adressait une lettre à l'Assemblée Constituante pour dénoncer le ministre de la marine, de la Luzerne, comme un tyran, l'accuser de fomenter des insurrections et demander pour la colonie le droit de se gouverner elle-même. Deux j o u r s auparavant, le 22 janvier, l'assemblée provinciale avait interdit toute correspondance avec de la Luzerne, sous peine d'être déclaré traître, et proclamé que les assemblées coloniales seules avaient le droit de statuer sur les affaires des colonies. Du Nord, le mouvement avait gagné les autres provinces. Dans l'Ouest où se trouvait Port-au-Prince, le siège du gouvernement, il fut plus long à se produire, et moins violent. Jusqu'à la fin de 1789, les colons s'étaient contentés d'avoir un comité provincial où le comte de Peynier avait été admis en sa qualité de gou-


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