Journal de l'adjudant général Ramel

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au nombre des Conjurés; je me sers de cette expression, parcequ'elle a été consacrée par les révolutionnaires1 et qu'aux yeux de ces barbares, les victimes qui détournent seulement la tète du coup qui doit les frapper, commettent un crime d'état; et celui là conspire qui ose défendre sa liberté! 1. Les déportés Pichegru, Dossonville, Larue et Ramel arrivèrent à Londres dans le même temps qu'on fut instruit en Europe de la victoire complète remportée par l'amiral Nelson sur l'escadre Françoise. Le directoire François savait déjà depuis long-tems cette désastreuse nouvelle, l'embarras étoit de l'annoncer à la nation, il n'étoit plus possible de se taire, il rompit le silence, par un message à sa chancellerie (les deux conseils), ce message rempli de mensonges et de ridicules bravades, était terminé par un appel de deux cents mille hommes aux armées; le trio gouvernant, « promet d'exterminer tous les tyrans, notamment celui des mers et les esclaves Suisses. » Cette demande fut convertie en loi presqu'aussi tôt, mais la comedie n'eut pas été complète; ce fut l'anarchiste le Cointre Puiravaux ce plat valet de Robespierre pendant tout le règne de ce monstre, qui se chargea de réchauffer « l'enthousiasme de la nation; après avoir débité quelques lieux communs pour prouver que la Nation Française « n'avait nul besoin de marine, tout à coup enflammé du génie de la liberté, il revèle à la République entière « que les déportés Pichegru, Dossonville, La Rue et

Ramel ont été assez audac ieux pour s'évader de la Guyanne, qu'il est

assuré qu'ils sont à Londres où ils trament une conspiration. » Fort bien, Le

Cointre ! qui vous a si bien instruit? avec qui avons-nous conspiré? pourquoi n'avez VOUS pas ajouté qu'on nous avait vu sur la flotte de l'Amiral Nelson ? Homme vil! tu juges les autres par toi même ; eh, ne conspires vous pas assez contre la Nation, loi, les gouvernants et les agents ? qu'on vous laisse faire et bientôt il faudra désespérer de la liberté. Apprens Le Cointre, que le royaliste le conspirateur, le dangereux Ramel, a été plus sincèrement affecté du désastre de l|a flotte Française, que toi avec ton pur républicainisme ; les vaisseaux que je regrêtte appartenoient à la nation et non au Directoire ; j'ai donné des larmes à la mort glorieuse de tant de braves gens qui ont péri, mais toi, homme lâche! Es tu susceptible de quelque sentiment généreux? Le général Pichegru était agonisant à son arrivée à Londres, je ne sais s'il est mieux, on m'assure qu'il est dans la plus grande misère. Le voleur Rewbel en sera étonné ainsi que ses parents Rapinat, Scherer et Merlin de Thionville, ces brigands ne peuvent point croire au désintéressement. Je m'honore de partager avec le général Pichegru sa misère, et je ne crois pas trop m'avancer en disant que le sauveur de la France en 1793 1794 et 1795 ne peut avoir jamais conspiré contre sa patrie; il n y a pas encore de loi qui déclare criminel de léze nation, celui qui ne croit pas à la probité et à la morale de Barras et Lareveillère, cela peut venir.» Au moment où l'empereur Caligula fut massacré, il avoit resolu de faire valider par le Senat Romain, le choix qu'il avail fait de son cheval pour Consul. « 0 servile pecus !... »


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