Le paradis sur terre : Martinique, Guadeloupe, Guyane

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LE PARADIS SUR TERRE

taire qu'on nous attribua. Aussitôt, encouragés par l'exemple, alléchés par les bénéfices — songez qu'un litre de rhum contingenté acquitte à l'entrée en France une taxe de huit francs et qu'un litre non contingenté paye une surtaxe de cinq francs — d'autres Martiniquais ouvrirent des distilleries. Comme ils n'ont pas encore obtenu de contingentement, ce sont eux qui crient, qui se proclament les « sacrifiés ». Ajoutez que des abus se sont glissés. Tel distillateur qui ne fabrique plus un litre de rhum n'en gagne pas moins une centaine de mille francs par an. Qu'a-t-il fait? Il a vendu tout simplement sa part de contingent à un autre usinier. — D'après ce que je crois comprendre, le contingentement m'apparaît comme un traité de paix. Un traité conclu entre les producteurs d'alcool de la métropole et les rhumiers coloniaux. — Exactement. — Mais un traité est chose fragile ; il peut être dénoncé. — Il a la garantie de la loi. — Oh ! oh ! une loi se rapporte. Que deviendraient les contingents en ce cas? L'équilibre que le contingentement avait pour objet d'établir sera rompu. — Oui, et voilà la perspective inquiétante. Voyez-vous, madame, les lois économiques peuvent être momentanément suspendues par


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