Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce : T.7 (1) (1713-1796)

Page 157

DES

DEUX

INDES.

131

s'en nourrir. Plusieurs qui avoient. été esclaves à Alger, dételèrent la main qui avoit brisé leurs fers ; tous maudissoient leur existence C'est ainsi qu'ils expièrent le crime de leur invasion , jusqu'à ce que le gouvernement d'Aubert eut amené la paix avec les sauvages, à la fin de 1640. Quand on pense à l'injustice des hostilités que les Européens ont commîtes clans toute l'Amérique, on est tenté de le réjouir de leurs désastres, & de tous les fléaux qui suivent les pas de ces féroces oppresseurs. L'humanité, brisant alors tous les nœuds du sang & de la patrie qui nous attachent aux habitans de notre hémisphère, change de liens, & va contracter au-delà des mers , avec les sauvages Indiens , la parenté , qui unit tous les hommes, celle du malheur & de la pitié. Cependant, le souvenir des maux qu'on avoit éprouvés dans une isle envahie, excita puissamment aux cultures de première nécessité, qui amenèrent enfuite celles du luxe de la métropole. Le petit nombre d'habitans, échappés aux horreurs qu'ils avoient méritées , fut bientôt groUi par quelques colons de Saint - Chriftophe , mécontens de leur fituatiçn ; par des Européens, avides de I 2

XXVIII, I,a Guadeloupe sort peu-à-peu de la misère : mais ne devient une colonie florissante qu'après avoir été conquise par l'Angleterre.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.