La Martinique : historique des paroisses des origines à la séparation

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ce surcroît de dépense à la population et il y avait mésentente entre elle et son pasteur. De 1745 à 1840, soit pendant un siècle, l'histoire du Diamant peut être suivie pas à pas grâce au registre des délibérations de l'assemblée paroissiale pieusement conservé. (Il est actuellement au musée des Trois-Ilets.) C'est là que je vais puiser pour écrire les pages qui suivent. Parlons d'abord des édifices religieux. Au XVIIIe siècle, l'église était un corps de bâtiment rectangulaire de cinquante pieds de long sur vingt-quatre de large, soit seize mètres cinquante sur huit, « non compris la sacristie appuyée en cul de lampe sur un de ses bouts ». Elle n'avait qu'une seule nef et pas de chapelle. Comme ameublement, on y voyait un autel, une chaire, un confessionnal, des fonts baptismaux et deux cloches. L'autel primitif était en bois. Il devait sans doute tomber de vétusté quand, en 1770, il fut remplacé par « un autel à la romaine ». Il s'agit vraisemblablement du maître-autel existant encore aujourd'hui. La paroisse possédait habituellement deux cloches, quelquefois trois, mais il n'y avait pas de clocher. Les cloches étaient hors de l'église soutenues par quelques poteaux. En 1773, elles rendaient un « mauvais son » ; elles avaient tant sonné qu'elles n'avaient plus de voix ; il n'y avait plus que des instruments fêlés pour appeler les fidèles aux offices. On les envoya en France pour qu'elles fussent refondues. Le bateau qui devait les rapporter fit naufrage et quatre ans plus tard on attendait encore leur retour. En 1778, on construisit un clocher ; on peut croire que les cloches étaient enfin arrivées et que, pour qu'elles puissent mieux faire entendre leur belle voix, on leur préparait un logis convenable. Le presbytère était une maisonnette à étage muni d'une galerie donnant sur la mer et en rendant le séjour plus agréable. La cuisine, selon la coutume, était faite dans un appentis en dehors de la maison curiale. Depuis les importantes réparations prévues en 1687, les édifices religieux s'étaient nécessairement détériorés, et, avec les années, furent l'objet de travaux plus ou moins considérables. En 1748, on raccommode le chœur et la nef de l'église. Au presbytère, on répare la toiture, la cuisine, la galerie, les escaliers ; on dépense deux mille soixante-dix livres à ces divers travaux. Arrive le coup de vent de 1766 ; conséquence : deux cent soixante-quatre livres de réparations au presbytère et trois cent quatre-vingt dix à l'église. C'était du provisoire. Quatre ans plus tard, travaux beaucoup plus importants : carrelage de l'église où l'on emploie mille huit cent huit carreaux de Provence, réfection des bancs, dépense totale cinq mille cent trente et une livres. Dix ans plus tard, le presbytère demande à être entièrement refait. Les paroissiens se proposent de le refaire aussitôt que les


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