Les Colonies françaises, petite encyclopédie coloniale 2

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LE

DOMAINE

COLONIAL

du Sud et au Fouta-Djalon la mit dans l'obligation de passer, avec les puissances coloniales voisines, des traités de délimitation. Au Portugal et à l'Angleterre, qui touchaient déjà aux possessions françaises, s'était récemment ajoutée l'Allemagne. Enfin, la France avait aussi à fixer sa frontière avec un État indépendant, la république de Libéria. Les Allemands, qui avaient résolu de fonder un empire colonial, avaient émis des prétentions sur certains points de la côte. Bien que la plupart des chefs fussent déjà liés à la France par des traités de protectorat, on avait poussé le roi Balé-Demba, de Dubréka, à solliciter l'envoi de sujets allemands. Nachtigal renonça cependant, par égard pour les droits de la France, à annexer la Dubréka et le Bramaya; mais un officier allemand, au mois de décembre 1884, plaça sous le protectorat allemand le chef du Kabitaï et les villages du Koba, entre le rio Nunez et la Mellacorée. Il fallut traiter à ce sujet avec l'Allemagne. Par le protocole de Berlin du 24 décembre 1885, cette puissance renonça aux prétentions qu'elle avait sur le Koba et le Kabitaï, pays tributaires de nos protégés du Bramaya et de la Dubréka ; la France lui céda en échange Porto-Seguro et Petit-Popo sur la côte de Guinée. Dès l'année suivante, la France régla la question des frontières avec le Portugal. Cette puissance, par le traité du 12 mai 1886, nous céda Zighinchor, un des postes de la Casamance, le rio Gompony et des enclaves sur le rio Nuûez ; elle reconnut aussi notre protectorat sur le Fouta-Djalon. La France, de son côté, cédait au Portugal le Cassini. La Sénégambie portugaise fut ainsi réduite à l'état d'enclave dans la colonie française. La délimitation fut opérée sur le territoire en 1888; le chef de la commission française était le capitaine Brosselard-Faidherbe, qui fit reconnaître à ce moment l'importance du rio Compony et explora le Foréa et la région de Dandoum.

Nouvelles opérations au Fouta-Djalon. — Comme Faidherbe, le lieutenant-colonel Gallieni avait compris toute l'importance commerciale et stratégique du Fouta-Djalon, et sa constante préoccupation, pendant son séjour au Soudan, avait été d'y pénétrer, afin de réunir par là nos possessions du haut Niger avec nos établissements de la côte de l'Atlantique. Aussi, après son heureuse campagne de 1886-1887 sur le haut Niger, organisa-t-il une mission qu'il envoya vers le Fouta-Djalon. Le commandement en avait été confié au capitaine Oberdorf, avec le lieutenant Plat comme second, et le Dr Fras, médecin de la marine, chargé des études scientifiques. Arrivée à Tombé, chef-lieu du Konkodougou, au commencement de 1888, la mission perdit son chef, et le lieutenant Plat en prit le commandement. Elle atteignit Timbo par Dinguiraï. Après un séjour dans la capilale, le chef de la mission fit signer à l'almamy un traité par lequel celui-ci confirmait la soumission de tous ses États au protectorat exclusif de la France. Le lieutenant Plat, à son retour, vint gagner la Mellacorée à Farmoréa, point extrême où aboutissent les chalands de commerce, après une marche totale de 1142 kilomètres. Cette mission fit connaître la vraie source du Sénégal, rectifia la posi-


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