L'impératrice Joséphine

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DANS LES RAYONS DE LA GLOIRE

veillée tendit l’autre bras, et Joséphine, riant, y attacha son propre bracelet : « Vous vous ruinez, Madame ! » lui dit sa dame d’honneur. Et elle rit un peu plus. Que voulez-vous? Elle ne savait pas refuser. Elle aimait à soulager les infortunes, à faire des heureux et des heureuses. Prodigalité ou bienfaisance? Cela dépend du point de vue. La balance de son budget était toujours déficitaire. L’Empereur grondait. S’il grondait trop fort, elle pleurait... et recommençait. Aimerait-on mieux une Joséphine avare? Mais on ne la conçoit pas. Elle déjeunait dans son appartement, souvent avec Hortense, ou Caroline, ou quelqu’une de ses dames. L’abbé Nicolas Hanna venait lui apprendre un peu d’histoire, afin que, pour ses réceptions, elle sût ce que c’était que l’Autriche, ou la Bavière, ou le grand-duché de Francfort. Elle apprenait vite, et se tirait d’affaire, même dans les cas compliqués. On ne voyait guère l’Empereur que le soir, car il avait, lui aussi, travaillé tout le jour, de son métier à lui. Le plus souvent, il passait la soirée en famille, chez l’Impératrice. Il faisait sauter sur ses genoux les enfants d’Hortense, ou s’amusait à les barbouiller avec de la confiture. Le départ de Louis et d’Hortense le priva de cette distraction. Il aimait à jouer au billard. Joséphine et Hortense carambolaient aussi bien que lui, et trichaient moins. Il était très mauvais joueur, de même au tric-trac ou au reversi. Il y avait, environ une fois par semaine, généralement le mercredi, des dîners officiels. On ne s’y ennuyait pas,


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