La R. M. Javouhey, fondatrice de la Congrégation de Saint-Joseph de Cluny. Tome II

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— 322 — blanc et bleu qui flottait au haut du mât, et dès qu'il arrivait en vue de Cayenne il était signalé. « C’est la goélette de la Mère Javouhey », disait-on. Tous les vingt jours environ, le petit bâtiment apportait des vivres et divers produits au chef-lieu de la colonie, soit pour l’approvisionnement du magasin général, soit pour la consommation des particuliers; et dans les temps de disette, ces secours réguliers n’étaient pas tout à fait à dédaigner. La R. Mère écrivait elle-même en France : « Je vais envoyer mon rapport à Son Excellence et à M. de Saint-Hilaire; ils verront avec plaisir les heureux progrès de la colonisation. Les récoltes des nègres ont dépassé toutes nos espérances. C’est Mana qui entretient l’abondance à Cayenne. Cela produit le meilleur effet sur l’esprit des habitants. On voit par là si nous sommes des paresseux. » La petite colonie africaine de Mana n’était pas l’unique objet de la sollicitude chrétienne de la R. Mère Javouhey. Sur les rives du Maroni sont trois ou quatre tribus d’indiens, appelés Indiens peau-rouge parce qu’ils se frottent le corps avec du roucou. Ils sont habiles à tirer de l’arc et vivent de chasse et de pêche. Leur grande passion est le tafia, et leur bonheur de rester oisifs, couchés dans leur hamac, qu’ils suspendent aux arbres ou dans leur pauvre case, appelée carbet. En fait de religion, ils semblent ne reconnaître pour tout mobile supérieur qu’un génie malfaisant, et ils croient à mille prestiges et superstitions qui les portent à se persuader que cette maligne influence est continuellement autour d’eux. — Peu satisfaits des Hollandais qui possèdent les rives du fleuve Maroni, et attirés par la réputation de


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