Au cœur de l'Amérique vierge

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AU CŒUR DE L'AMÉRIQUE VIERGE

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Ripetofe n'était pas très fort, mais c'était un brave garçon, aimé de tous pour son noble cœur; sa taille élancée, à peine au-dessus de la moyenne, ses traits réguliers et ses yeux doux et sombre, lui donnaient l'aspect d'un adolescent ; les femmes le regardaient toujours avec sympathie, car il était bon chanteur. Il avait beaucoup d'estime pour l'étranger et il lui avait voué son amitié. Aussitôt prêts, Efuysitofe, Cuyonimuy et Oyma s'embarquèrent dans la plus petite pirogue, et Ripetofe, Capoyma et Chido dans l'autre. Tous, pleins d'enthousiasme se mirent à ramer d'un même effort, faisant glisser les fragiles embarcations, contre le courant parfois tumultueux. Ces gaillards vigoureux luttaient sans crainte contre les flots qui soulevaient la proue des barques comme pour les engloutir. Chaque fois qu'ils arrivaient à surmonter le courant, ils poussaient tous en chœur un hourrah de félicitation : « Cho-o-o ». La nuit était claire, la lune brillait comme un topaze dans un ciel serein. L'eau devenait de plus en plus tranquille, les pirogues glissaient légères et sans bruit. Efuysitofe avait pris le devant; Ripetofe qui ne voulait point se laisser devancer, criait à ses compagnons : « Ramez, ramez », et les trois jeunes gens ramaient toujours en cadence. Chaque fois que les deux pirogues s'égalaient, les efforts redoublaient, avec des cris et des éclats de rire. Puis, ils se taisaient, comme épuisés par


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