Voyage a Surinam description des possessions néerlandaises dans la Guyane

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VOYAGE

Celles qui restent forment un fruit long de sept à huit pouces, de la forme d'un c o n c o m b r e , d'abord

de marchandises sèches et de comestibles, d'étoffes, de draps,

pleine

de toiles, d'objets de m o d e s , de p a r u r e s , d'habillements con­

maturité. Chacun de ces fruits contient une trentaine de se­

fectionnés, de chapeaux, de ferrements, d'ustensiles en cuivre

mences ou noyaux, de la grosseur d'une olive et de la forme

et en fer, de fayence, de porcelaine fine, de salaisons, de vins,

d'un cœur. Ils sont huileux, amers et d'un pourpre clair.

de liqueurs et de genièvre, de sucre raffiné, de briques, de

enfin

pâle,

Ce commerce a principalement pour objet l'achat et la vente

puis

jaune,

d'un vert

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A SURINAM.

d'un vert foncé lorsqu'il est parvenu à

sa

Après que l ' o n a dépouillé cette semence de son écorce, on

farines, principalement de celle d'Amérique, qui est préférée,

la fait sécher pendant deux ou trois j o u r s , soit à l'air, soit au

parce qu'elle se conserve beaucoup mieux que celle qui vient

soleil. On la place ensuite dans des sacs ou ballots, et on l'expédie

d'Europe. Il y a, pour le vaste débit qui se fait de toutes ces

en E u r o p e . On l'appelle fève de cacao,

marchandises, une grande quantité de magasins et de bou­

et,

après

l'avoir

rôtie et

brûlée, on en fiait le chocolat, o u , quelquefois, on la sert infusée

tiques,

comme du café. Cette boisson prend aussi le nom de eaeao.

près du port.

L'indigo, dont tous les auteurs attribuent l'introduction aux

les p l u s beaux

dont

et les plus spacieux se trouvent

L e s exportations consistent en sucre b r u t , café, c o t o n , c a c a o .

soins d e MM. Vanjever et l'officier Lestrade, vers l'année 1764,

t a b a c , i n d i g o , bois d e t e i n t u r e , bois dit

fut cultivé à Surinam, dès l'an 1710. A cette époque on en

a u t r e s qui sont propres à la marqueterie, et en mélasse, e t c .

e x p é d i a en Europe 150 livres. Celle c u l t u r e fut e n t i è r e m e n t a b a n ­

donnée quelques années a p r è s , vers 1722, et négligée pour le

J e vais maintenant

faire

letter-hout,

plusieurs

connaître quelques-uns des bois

qu on trouve d a n s la colonie de S u r i n a m .

café. Maintenant on recommence à s'en occuper, et ce c o m ­

Celui qu'on appelle bottri-hout est dur et presque incorrup­

merce paraît avoir des résultats plus a v a n t a g e u x que par le passé.

tible. Sa couleur est d'un b r u n foncé. On s'en sert pour la partie

Le roucou, à L'époque où on l'employa pour la p r e m i è r e fois,

supérieure et pour la couverture des maisons.

d o n n a i t des profits c o n s i d é r a b l e s . En 1 7 1 4 , on en e x p o r t a pour­

Le lokus-hout, est le p l u s beau, le plus dur. le plus gros d e s

ta H o l l a n d e 6865 livres ; m a i s , vers l'année 1734, cette c u l t u r e

a r b r e s de Surinam, et celui q u i est aussi le plus propre à la

t o m b a tout à fait.

construction : il est recherché pour les moulins à sucre ainsi que

Le t a b a c fut p o u r S u r i n a m , une b r a n c h e assez i m p o r t a n t e de

commerce, puisque, dès L'année 1749, on en exporta 30,000 livres.

pour les meubles. Il est de couleur canelle, et c'estde lui qu'on tire le baume d e copahu. Le bois lettré se divise en deux espèces : la première s'ap-

Le riz et la cire entrent aussi d a n s les exportations : il en est de

même des bois de t e i n t u r e , d'ébénisterie et de

construction.

La colonie ne s'occupait primitivement que de la culture d u sucre ; et on comptait en 1624 quarante à cinquante p l a n t a t i o n s

pelle letter-hout. Il est d u r et parsemé de

veinées, s u r un fond couleur de terre ; en vieillissant, il devient aussi noir que l'ébène.

qui étaient situées le long de la rivière d u Para, o u à huit ou dix lieues de l'embouchure du

taches noires ou

La seconde espèce s'appelle

bois lettré royal; il n'est que

S u r i n a m . Il y e n avait e n c o r e

parsemé de taches n o i r e s , s u r un fond plus clair et moins d u r

quelques a u t r e s , à la vérité, où l ' o n cultivait le tabac et le

que le premier. Ce bois est très-rare et très-recherché parce qu'il

roucou ;

est

mais

elles

donnaient

alors

peu

de

produit.

En

l'année 1707, ou e x p o r t a 18,499 b a r r i q u e s de sucre, 925 livres

le c o u r

d'un

gros a r b r e dont

le temps OU la m a i n

de

l ' h o m m e a fait d i s p a r a î t r e I extérieur.

de cacao, 325 livres de coton, 900 livres de roucou, et 10,600

L e bois de fer, assez commun à Surinam, est d e deux sortes;

livres de bois, dit l e t t e r - h o u t . D a n s la même année, seize

la première est rougeâtre et la seconde blanchâtre. Réduit en

vaisseaux partirent de la colonie pour la Hollande. O n peut fixer

planches, il offre différentes nuances. Cet arbre est élevé, g r o s ,

l'introduction de La culture du cacao, du tabac et du coton à

droit et très-dur,

l'année 1706.

dans l'intérieur. On ne s'en sert que pour l'ébénisterie, car il ne

Outre ces productions, les anciens h a b i t a n t s d e la colonie

son écorce est grisâtre et d e couleur

rouge

résiste ni à l'eau ni à la pluie.

spéculaient sur toutes sortes d'objets, tels que bois, cire b r u t e ,

Le purper-hout ou paars-hout, tire son nom de sa couleur

g o m m e , etc., même sur la poudre d'or ; car, e n 1 7 3 6 , on e n ­

qui est pourpre. Cet arbre est fort et élevé, et on ne s'en sert

voya e n Hollande cinq onces d'or fin, ce qui engagea une société

que pour la marqueterie.

à se

formel,

en 1742,

pour

l'exploitation

des

milles q u i

se

trouvent dans le haut du pays: mais elle n'eut aucun succès.

Le kanavale pi-hout a la c o u l e u r du b o i s mâle lettre. On s'en sert p o u r la menuiserie.

L e commerce qui alimente la colonie de Surinam s e fait o r ­

Le ceder-hout ou bois de cèdre est un gros arbre, d u r , léger

dinairement par 70 à 80 bâtiments, pour le compte de la m é ­

et jaunâtre. Il est précieux, parce q u e , sa séve étant très-

t r o p o l e . Indépendamment de cela,

l e s Américains viennent à

amère, il n'est jamais attaqué des vers et des insectes. On en

Surinam avec une vingtaine de navires, et y prennent e n retour

fabrique les coffres, les armoires et les lits, parce que tout ce

toutes sortes de marchandises, principalement de la mélasse.

qu'ils renferment est à l'abri de ces fléaux. De cet arbre s'écoule

Les Antilles, ainsi que les colonies voisines, font aussi un com­

une gomme claire et transparente ayant beaucoup de rapport

merce très-actif avec celle de Surinam.

avec la gomme arabique.


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