Les habitants de Suriname : notes recueillies à l'exposition coloniale d'Amsterdam en 1883

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LES

HABITANTS

DE

SURINAME.

gibier, de lard, de poissons, etc., car ils ont à cœur de montrer la plus grande hospitalité à cette occasion. Sauf ce que nous allons rapporter, ils n'ont pas d'autre manière d'adorer leurs divinités. Au mois d'octobre ou de novembre, avant l'époque de la grande sécheresse, ils ont l'habitude d'organiser une grande fête. Elle est présidée par leurs chefs et commence le premier vendredi de la nouvelle lune. C'est la fête de la réconciliation générale ; elle doit servir à se faire pardonner tous les péchés et tous les méfaits. Elle dure pendant toute la lune suivante, c'est-à-dire pendant quatre semaines environ. O n sacrifie pendant ce temps beaucoup de porcs et de volailles. Leurs prières consistent à danser et à chanter; de temps en temps ils se jettent à genoux pour implorer une bénédiction. Cette fête, qui coûte très cher, est très suivie : toute la population y assiste, aussi bien les jeunes que les vieux. O n y attache une grande importance. L'endroit où se trouve une idole est entouré de perches très longues sur lesquelles flottent, en guise de drapeaux, des morceaux de cotonnade blanche. Tous les efforts qu'on a faits pour les convertir au christianisme n'ont pas réussi, parce qu'ils sont toujours très attachés aux croyances de leurs ancêtres. Ceux-ci, disent-ils, s'en sont toujours bien trouvés. En 1860, les Aucaners refusèrent catégoriquement, par l'intermédiaire de leur chef ou « Granman », de faire conduire deux frères moraves jusqu'à Auca. Ces derniers s'étaient cependant avancés jusqu'à la Marowijne. Quelques Saramaccaners et leur chef le capitaine Arabie furent pourtant baptisés. Les missionnaires moraves ont fondé depuis quelque temps un établissement et une église sur le haut Suriname et à Maripaston sur la haute Saramacca, à côté des villages occupés par les Nègres des bois. Il serait à souhaiter que les missionnaires de toutes les sectes laissassent un peu ces pauvres gens tranquilles. Ils sont animés de très bons sentiments à leur égard, mais ils ne font souvent que les importuner et détruire leur repos. En cas de maladie ou de mort, on consulte une espèce de voyant appelé « Loekoeman » : c'est lui qui est chargé de désigner le coupable, car, suivant leurs croyances, personne ne peut mourir naturellement. La mort a été causée, soit par un esprit offensé, soit par le poison d'un ennemi. Nous reviendrons plus tard sur ce sujet.


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