338 ainsi à ajouter quelque chose à la décoration de notre modeste chapelle, tandis que quelques-uns de nous, et le capitaine, avant tous, répétaient les Noëls qu'on s'é tait mis à composer pour la circonstance. « 31 décembre. — Quoi ! ces hauteurs jaunâtres, ces montagnes arides, ce sol austère qui, sans doute, n'a jamais connu la fécondité, c'est, là-bas devant nous, ce qu'on nous signale comme les alentours de Valparaiso ? Sauf quelques rares coins de terre qui s'épuisent à prouver une possibilité de végétation, tout ce que l'oeil peut embrasser attriste par u n e aridité absolue : c'est à croire qu'un incendie universel a dévasté ces montagnes. À part deux ou trois enclos, pas u n arbre, pas un arbrisseau ne se montre sur toute l'étendue de cette immense surface. Seulement, on nous dit que la végétation, ainsi arrêtée pendant les sécheresses, se r a n i m e au retour des pluies, et couvre passagèrement de quelque verdure ces terres et ces montagnes déso lées.—A droite, u n e pointe d'où s'élève un petit phare ; devant nous, u n e rade dominée par u n fort qui la pro tège mal contre les vents; au fond du golfe, quelques maisons sans apparence, et sur la rampe des collines brûlées, quelques vieilles et misérables huttes ; enfin, dans l'enceinte de la rade, un assez petit nombre de vaisseaux ; c'est là tout. En somme donc, l'arrivée au mouillage est un désappointement complet. Mais atten dez d'entrer dans la ville. Vous qui venez d'Europe, vous la trouverez sans doute insignifiante, sans aucun monument, sans luxe, sans équipages et sans bruit : c'est la ville toute neuve, dirait-on, toute blanche, toute déserte, toute silencieuse, u n e suite de maisons trèsnues et très-peu décorées. Cependant, si l'air honnête, aflable, modeste et empressé des habitants est quelque chose aux yeux de l'étranger, à coup sûr, vous serez