Annales de la propagation de la foi. Tome vingt-unième

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60 sirent brusquement dans l'appartement, poignardèrent le Nomckhan et lui tranchèrent la tète. Un cuisinier thibétain, qui se trouvait dans une pièce voisine, accourut aux cris de la victime, s'empara de la tête ensanglantée, l'ajusta au bout d'une p i q u e , et parcourut les rues de Lha-ssa en criant : Vengeance et mort aux Chinois ! La ville tout entière fut aussitôt soulevée, on courut aux armes de toutes parts, et on se précipita tumultueusementvers le palais des Kin-Tchai qui furent horriblement mis en pièces. La colère du peuple était si grande, qu'on poursuivit ensuite indistinctement tous les Chinois; on les traqua partout comme des bêtes sauva ges, non-seulement à Lha-ssa, mais encore sur tous les autres points du Thibet où ils avaient établi des postes militaires ; on en fit une affreuse boucherie. Les Thibétains, dit-on, ne déposèrent les armes qu'après avoir impitoyablement poursuivi et massacré tous les Chinois jusqu'aux frontières du Sse-Tchouan et du YunNan. « La nouvelle de cette horrible catastrophe étant parvenue à la cour de Pékin , l'empereur Kian-Loung ordonna immédiatement de grandes levées de troupes dans toute l'étendue de l ' e m p i r e , et les fit marcher contre le Thibet. Les Chinois, comme dans presque toutes les guerres qu'ils ont eu à soutenir contre leurs voisins, eurent le dessous, mais ils furent victorieux dans les négociations. Les choses furent rétablies sur l'ancien pied, et depuis lors la paix n'a jamais été sérieusement troublée entre les deux gouvernements. « Les forces militaires que les Chinois entretiennent dans le Thibet sont peu considérables. Depuis le SseTchouan jusqu'à Lha-ssa, ils ont d'étape en étape quelques misérables corps-de-garde, destinés à favoriser le passage du courrier de l'empereur. Dans la ville


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