Lettres édifiantes et curieuses écrites des missions étrangères. Tome huitième

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L E T T R E S ÉDIFIANTES les flèches. L e s f e m m e s y sont au-moins aussi rusées que les h o m m e s , et ont une égale aversion pour le Christianisme. C e qui m'a fort surpris, c'est que , dans la licence o ù ils vivent, je n'ai jamais remarqué qu'il échappât à aucun h o m m e la moindre action indécente à l'égard des f e m m e s , et jamais je n'ai ouï sortir de leur b o u c h e aucune parole tant soit peu déshonnête. Leurs mariages , si l'on peut leur donner ce n o m , n'ont rien de stable. U n mari quitte sa f e m m e quand il lui plaît ; de là vient qu'ils ont des enfans presque dans toutes les bourgades. D a n s l'une ils se marient pour deux ans , et ils vont ensuite se remarier dans une autre. C'est pourquoi je leur disais quelquefois qu'ils ressemblaient à leurs perroquets , qui font leur nid une année dans u n bois , et l'année suivante dans u n autre. C e prétendu mariage se fait sans beaucoup de façon : lorsqu'un Indien recherche une Indienne pour sa f e m m e , il tâche de gagner ses bonnes grâces , en la régalant pendant quelque temps des fruits de sa moisson et d u gibier qu'il prend à la chasse , après quoi il m e t à sa porte u n faisceau de bois : si elle le retire et le place dans sa cabane , le mariage est conclu. Si elle le laisse à la porte , il doit prendre son parti , et chasser pour u n e autre. Ils n'ont point d'autres Médecins qu'un ou deux des plus anciens de la bourgade : toute la science de ces prétendus Médecins consiste à souffler autour du malade pour en chasser


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