Voyages de François Coreal aux Indes occidentales. Tome premier

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384 Voy.igss de François Coreal. on lâcha deux Chevres à plufieurs reprifes ; mais ces Chevres n'ayant pu trouver la moindre petite herbe à brouter , s'en retournerent fort mouillées •dans la caverne , d'où ils comprirent que les eaux n'étoient pas encore en état de s'écouler : Ainfi ils ne jugerent pas à propos de fortir encore de leur retraite. Ils les lacherent deux autres fois après cela , & à la derniere ils comprirent , par la bouë qu'ils virent aux pieds des Chevres, que les eaux achevoient d'écouler. Alors ils defcendirent dans la Plaine, où ils trouverent quantité de ferpens que le limon de la Terre avoit engendré. Ils croyoient auffi ladeftruction de l'Univers, & qu'elle feroit précedéé d'une fechereffe extraordinaire ; après quoi l'air échauffé par cette féchereffe exceffive s'embraferoit de lui même,alîumeroit fucceffivement toutes fes parties & confumeroit les Aftres. C'eft pour cela que quand ils voyoient quelque Eclypfe , ils chantoient des chanfons fort triftes , & fai(oient des lamentations , croyant que la fin du monde approchoit. Ils croyoient non-feulement la fin de toute la Nature, mais auffi fon renouvellement & l'immortalité de l'ame. Ils attendoient


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