La Guyane inconnue : voyage à l'intérieur de la Guyane française

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LA G U Y A N E

INCONNUE

tours de ses semblables : pour l'homme comme pour les animaux, c'est la loi de la [angle, comme la dé­ crit Kipling. On ne reçoit guère de nouvelles. Il est des gens dont on est resté sans nouvelles plusieurs années, car ils se déplacent; on les croit là où ils ne sont pas et ils reparaissent inopinément, ou bien on n'en entend plus parler. Les accidents de chasse sont fréquents, celui surtout qui est dû à la décharge accidentelle d'un fusil mal porté. Le chasseur in­ souciant laisse pendre son fusil qui se trouve cou­ cher en joue l'homme qui le suit. Sur un sentier boueux et glissant, le long d'une pente, j'ai vu l'en­ droit où ce fait s'est passé peu de temps avant mon passage : en bas, dans la crique, un peu de terre soulevée indique une tombe, et c'est tout; nul ne s'est inquiété du disparu. Un crime, s'il se produit, est bien difficile à découvrir en des régions si dé­ sertes. A déjeuner, T h a m a r nous fait goûter le sorol, la perdrix guyanaise; puis le pack ou paca, un gibier très fin rappelant le lièvre. Les hoccos, agoutis et pécaris sont l'ordinaire. Mais j ' a i goûté d'un mets plus r a r e , le singe coalla. C'est une espèce assez grande de taille; elle atteint trois à quatre pieds. J'ai eu la curiosité de voir écorcher plusieurs coatlas, et cela, je pense, m'a empêché de les apprécier comme mets. Une fois dépouillés de leur fourrure, ils ont p a r trop l'air d'enfants ou même d'adoles­ cents à la peau blanche. Il restait le poil noir de la tête, et cela, avec la peau jaune de leur visage, et leurs petits yeux bridés leur donnait l'air de petits


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