Cinq années de ma vie : 1894-1899

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CINQ ANNÉES DE MA VIE.

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Vendredi i septembre 1896.

J'ai reçu hier au soir le courrier qui était a r r i v é et i l n'y avait qu'une seule des lettres que ma chère Lucie m'a é c r i t e s . Gomme on sent chez tous une souffrance horrible, un désespoir farouche, de ne pas encore pouvoir m'annoncer la découverte du coupable, le terme de nos tortures à tous. L'eau me perlait du front à la lecture des lettres des membres de ma famille, les jambes tremblaient sous m o i . Est-il possible que des êtres humains

puissent

souffrir ainsi et d'une m a n i è r e aussi i m m é r i t é e ? Devant une situation aussi atroce, les mots n'on^ plus aucune valeur; on ne souffre m ê m e plus, tant on est h é b é t é . Oh ! ma pauvre Lucie, oh! mes chers et bons enfants. Ah!

que le poids de toutes ces tortures sans

nom retombe sur ceux qui ont poursuivi ainsi un innocent, toute sa famille, le jour où la l u m i è r e sera faite, o ù le coupable sera d é m a s q u é .


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