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N E U F CENTS LIEUES SUR
L'AMAZONE
cartouches Winchester de 44, 1 dollar 50 le cent ; allumettes 6 cents la boîte ; sel 1 dollar 50 les 30 livres ; œufs frais 7 à 8 cents la pièce. C e s prix n'at teignaient pas toutefois la folle montée que Lange avait observée en 1910 sur le Javary, un affluent du Haut-Amazone. Sur le Javary, on lui avait demandé pour un trajet de 100 yards, accompli en quelques instants, 10.000 reis, c'est-à-dire 3 dollars ; sur le Tocantins, pour un voyage de dix jours au delà de l'île Xininga, que son steam-launch ne dépassait pas, on lui demanda seulement 15.000 reis, ou 5 dollars. Tant les prix se réglaient sur le cours du caout chouc ! Au moment où Lange écrivait (son livre est de 1914) les jours du boom fiévreux de 1909-1910 étaient déjà loin. Le caoutchouc était tombé de 3 dollars la livre à 75 cents et continuait à descendre. L'auteur envi sageait l'extinction complète de l'industrie amazo nienne. La hausse momentanée des prix causée par la guerre disparaîtrait, pensait-il, aussitôt que la paix rouvrirait les mers. Ce serait d'ailleurs le seul salut pour l'Amazonie que le marché du caoutchouc soit entièrement monopolisé par l'Orient et que l'Ama zonie soit obligée de cultiver son sol. Il semble en effet, à lire Lange, que le rush de l'hévéa ait eu pour effet de tuer toute l'agriculture d'Amazonie. A présent, écrit-il, le pays ne peut pas montrer une seule plantation agricole : je serais tenté de dire qu'il n'y a pas un seul acre cultivé, mais ce ne serait pas vrai à la lettre, car il y a peutêtre une douzaine d'acres çà et là dans les 418 mil lions d'acres de forêt vierge, — sans compter les plan tations de manioc de quelques tribus indiennes dans l'intérieur lointain, — qui à strictement parler sont cultivés. Toutes les riches plantations de coton, de tabac, de riz et de céréales qui florissaient au temps des explorateurs du dernier siècle, de Wallace, Bâtes