Géographie complète et universelle. Tome 2

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LIVRE CINQUANTE-TROISIÈME.

Il forma une armée bien disciplinée, dont le cheik augmentait l'enthousiasme par ses prédications. Souhoud mourut au milieu de ses projets ; mais son fils, Abd-el-Aziz, hérita de son courage et de son zèle. Quand il voulait réduire une tribu, il envoyait la sommer de croire au Koran tel qu'il l'expliquait, la menaçant de l'exterminer si elle s'y refusait: Prenaitelle en effet ce dernier parti, on passait tout au fil de l'épée, ne respectant que les femmes et les filles, et enlevant toutes les richesses des vaincus. Si au contraire la tribu consentait à se soumettre, Abd-el-Aziz lui nommait un gouverneur, et se faisait donner la dîme des troupeaux, de l'argent, des meubles, et même des hommes, que l'on tirait au sort. Il amassa ainsi de grands trésors en peu de temps, et se forma une armée nombreuse, que l'on estima au moins à 120,000 hommes. Les Arabes-Bédouins, cédant les uns après les autres, ont ployé sous une puissance qui embrassait tout le vaste désert compris entre la mer Rouge, le golfe Persique et les environs d'Alep et de Damas. Ce fut vers la fin de l'année 1767 que les habitants du pays de Nedjed, qui avaient embrassé les principes répandus par le cheik Mohamed-IbnAbdoul-Wahab, reçurent des peuples voisins le nom de Wahabys. En 1791, le 14 juin, ce chef de secte mourut à l'âge de 95 ans, après avoir aplani à la famille de Souhoud le chemin qui la conduisit au trône. Il avait épousé vingt femmes dont il eut dix-huit enfants. En 1803, le 14 octobre, Abd-elAziz, dans sa 82e année, fut assassiné par un fanatique que les Persans avaient gagné pour se venger de ce que deux ans auparavant ses troupes avaient pillé la ville de Kerbelé, et profané le tombeau d'un saint personnage. Son fils, l'intrépide Souhoud, lui succéda. Il soumit la plus grande partie de l'Arabie, et mourut à Derayeh au mois d'avril 1814. Sous son successeur Abdallah, les Wahabys étaient maîtres de toute la contrée et s'étendaient jusqu'aux portes de Damas et de Bagdad, lorsqu'en 1818 le fils du pacha d'Egypte, Ibrahim-Pacha, à la tête d'une armée aguerrie, parvint, non pas à les soumettre, mais à les détruire, après avoir saccagé leurs principales villes, et avoir fait prisonnier leur chef Abdallah, qui fut décapité à Constantinople. Cependant comme le wahabysme est le mahométisme réformé, il a jeté dans les cœurs arabes de profondes racines que la force ne pourra jamais extirper. Les Wahabys ont les mahométans en horreur. On a vu plus haut qu'ils ont cependant retenu d'eux beaucoup de pratiques religieuses ; mais leurs mosquées n'ont ni décorations ni minarets. Ils ne professent aucun respect pour la mémoire des cheiks et des imams, et ils enterrent leurs morts sans


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