Recueil des lettres de la Vénérable Anne-Marie Jahouvey. Tome premier

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DE

LA

VÉNÉRABLE

ANNE-MARIE

JAVOUHEY

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aient l'expérience des voyages. Recevez difficilement, ne gardez jamais de vocations douteuses, surtout quand les sujets n'ont pas quelques ressources qui les mettent à même de supporter les frais de déplacement. Nous avons une école normale pour les arts «l'agrément dont Mme Diez est la directrice et Mademoiselle sa sœur est sous-maîtresse. Il y a dix élèves attachées à la Congrégation et cinq pensionnaires pour la musique et le dessin. Florence fait des progrès rapides en tous genres : piété, religion, arts d'agrément ; tout lui est facile. Pour la musique, elle est plus forte que ma Sœur Clotilde. On dit qu'elle en sait autant en quatre mois que les élèves de trois ans;

elle sera bonne religieuse. Nous

avons encore une sœur de ma petite Sieur Thècle (1) qui est au Sénégal, et qui nous écrit des lettres charmantes; elle se plaît beaucoup en Afrique, on est enchanté de toutes les trois. J'ai eu des nouvelles de Cluny et de Chamblanc hier ; tout le monde se porte bien, mon père est bien gai, Léonor est content de son mariage avec Mlle Renard. Mon frère (2) a un petit garçon, nous en ferons un curé. Mon Dieu, ma bien chère fille, écrivez-nous par toutes les occasions possibles, mettez vos lettres dans les paquets du ministre, nous les recevrons toujours. Écrivez-nous longuement, parlez-nous du pays, de ses usages, de ses mœurs, de ses ressources pour la religion;

établissez la comparaison entre

le

Sénégal et Bourbon. Écrivez aussi une longue lettre à M. l'abbé de Clausel qui s'est donné tant de peine pour nous. Ne négligez 1. Soeur Thècle Jardelle, à qui la vénérée Mère avait confié la direction de l'école des jeunes négresses à Saint-Louis. Elle se dévoua avec zèle à cette œuvre jusqu'en 1831, époque à laquelle elle dut revenir en France pour y réparer ses forces épuisées. C'est là que la Providence l'attendait pour terminer sa vie apostolique par une mort belle et glorieuse aux yeux de la foi. Le brick la « Bonne Madeleine », parti du Sénégal le 16 août, fit naufrage à l'entrée de la Gironde, et Sœur Thècle périt avec 3 autres passagers, le capitaine du navire, le second et 2 hommes de l'équipage. Un matelot offrit à Sœur Thècle de la sauver, à condition qu'elle quittât ses vêtements religieux. Elle préféra mourir plutôt que de s'en dépouiller. Son corps fut retrouvé six jours après sur la côte de Marennes et put recevoir la sépulture religieuse dans le cimetière de la paroisse. (Vie de la R. M. Javouhey par le R. P. Delaplace, Tome I, page 558.) 2. M. Pierre Javouhey.


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