Mémoires du Général J. D. Freytag. Tome 1

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MÉMOIRES

« Je vois, dit-il, que vous n'avez pas besoin de renfort. » Tout en disant ces mots, il prit congé de notre commandant, qui le reconduisit tou­ jours avec le même sang-froid. Le lendemain, il mit à la voile, et poursuivit sa route pour Batavia, ayant encore une cargaison de cin­ quante-sept esclaves blancs. Lorsqu'on eut perdu de vue le vaisseau H o l ­ landais, on envoya chercher la chaloupe, et l'officier nous apprit que l'un des deux Suisses avait refusé de s'embarquer, et qu'il s'était avancé vers l'intérieur des terres, dans l'inten­ tion de vivre avec les Nègres : le Français et l'autre Suisse remontèrent à bord, et nous acca­ blèrent de remercîmens. Cette partie des côtes d'Afrique est trèsabondante en poissons ; et la mer en est telle­ ment couverte, que les matelots et les soldats en prenaient une quantité prodigieuse, même en employant les procédés les plus simples. Bientôt nous fûmes menacés de la peste, et nous nous hâtâmes de gagner le large. Nous par­ tîmes par un temps magnifique, et nous avions le vent en pouppe. Au bout de quelques jours, le chagrin d'avoir perdu son camarade, altéra la santé du Suisse, et il expira, peu après, de regret et de douleur. Théodore Armand, c'était


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