Les richesses de la Guyane Française et de l'ancien contesté franco-brésilien : 11 ans d'exploration

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LA GUYANE FRANÇAISE ET L'ANCIEN CONTESTÉ FRANCO-BRÉSILIEN

On attache cet engin à une branche ou à un piquet en disposant l'appât et le piège au moyen de deux chevilles. On bande l'arc en assujettissant une petite cheville disposée sur la ficelle dans un petit triangle formé par une cordelette fixée de chaque côté du sommet du cône, et, en travers de la première cheville, pour la maintenir en équilibre, on dispose une deuxième cheville à l'extrémité de la première, tout juste ce qu'il faut pour maintenir le piège bandé. Le poisson vorace se prend là-dedans comme dans une souricière, il tire sur l'appât, la 2 cheville glisse ne maintenant plus la première ; l'arc se e

détend violemment, la porte se ferme et le poisson est pris. Les Aymaras se prennent ainsi et les rivières et les étangs voisins des villages indigènes contiennent un grand nombre de ces sortes d'engins. L'Aymara est un des plus délicieux poissons que je connaisse avec le Parassi, le Coumarou et la Carpe. On fait avec l'Aymara de la pimentade délicieuse,

la tête surtout

est un mets recherché des

gourmands et des gourmets. A la fin des crues et des pluies, quand les eaux plus claires rentrent dans leur lit, quand les chutes et les cascades roulent et déroulent leurs volutes limpides autour des roches

frangées d'écume,

quand leurs flots tumultueux s'élancent, bondissent, se heurtent, se brisent, éclatant en gerbe étincelante sous le clair soleil, comme des perles et des fleurs qui retombent sur le courant qui les emporte au loin; c'est le moment des belles pèches du Coumarou, avec la flèche. Ce poisson ne trouvant presque plus de fruits, fréquente les bancs de roches avoisinant les rapides et se nourrit d'une espèce d'algue d'eau douce qui fleurit alors et jette au-dessus des eaux qui missel lent, une tige creuse cylindrique de 0,40 à 0,50 cent, de hauteur, surmontée de magnifiques fleurs bleues qui s'épanouissent à la hâte pour mourir presque aussitôt sous les caresses brûlantes d'un soleil dévorant. On en rencontre sur le Maroni de véritables champs : des Coumarou-gnagna sur les champs de roches, comme disent en leur langue

imagée les nègres Boschs — Coumarou gnagna, mangé des

Coumarous. ou nourriture des Coumarous. Les eaux baissent fin juillet et pendant le mois d'août et. au fur et à mesure, de nouvelles fleurs surgissent, suivant les niveaux, sur d'autres roches qui vont se découvrir. Il faut se hâter pour la pêche, car les algues desséchées ne seront bientôt plus sur les roches brù-


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