La terreur sous le directoire

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LA D É P O R T A T I O N

E C C L É S I A S T I Q U E A LA G U Y A N E

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avait béni le mariage de Givry des Tournelles avec la fille de son hôte ; tel encore Parisot, chanoine d'Auxerre : celui-ci avait béni le propre mariage de Burnel, agent du Directoire, mais il n'avait pas sans doute tenu assez secrète son intervention. Plusieurs autres subirent des punitions semblables. Il n'y avait donc, à la Guyane, ni culte public, ni culte privé. L'hôpital militaire et civil de Cayenne, que desservaient les sœurs de Saint-Maurice de Chartres, en avait gardé pourtant quelques restes. Au bout de la salle, s'élevait un autel surmonté d'un crucifix ; le gouvernement avait envoyé des ouvriers pour le démolir ; mais des soldats malades, soignés à l'hôpital, eurent l'énergie de s'y opposer, et l'on ferma les yeux. Matin et soir, une sœur faisait la prière. Dans une chambre particulière, disposée en chapelle, plusieurs prêtres, et spécialement, M. Brumauld de Beauregard, furent admis secrètement à dire la messe ; les sœurs, quelques domestiques et des personnes pieuses y assistaient. De quelque rigueur que s'armât l'administration, il est difficile de supposer que tous ces prêtres, pour la plupart persécutés à raison de l'ardeur même de leur foi, s'abstenaient de célébrer les saints mystères. Les témoignages ne sont ni nombreux ni décisifs, mais ils ont, leur valeur. Dom Vautherot, bénédictin de Besançon, retiré avec son confrère Gérin sur la rivière des Cascades, à l'IletBardeaux (4 lieues de Cayenne), dans une famille de nègres, raconte que ceux-ci « le pourvoyaient de tout ce qui était nécessaire pour célébrer la Sainte Messe ». L'abbé Courtot, du même diocèse, qui résidait à Sinnamary chez un de ses compatriotes, écrivait : « Le lendemain de notre arrivée, nous songeâmes à nous procurer ce qui nous était 21


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