Les détenus politiques a l'ile du diable

Page 66

— 50 — jours ; l'ennui s'empara de moi ; je ne pouvais pas supporter l'absence de ma famille. Je revins à La Rochelle et je finis par travailler comme manœuvre dans un atelier de ferblantier, fabricant de boîtes à sardines. J'y travaillai jusque vers la fin de la campagne. L'ouvrage allait encore me manquer; j'écrivis à Paris, d'où je reçus une réponse favorable. Lorsque ma femme apprit mon projet de départ, elle se mit encore à pleurer, en disant qu'elle ne consentirait jamais à quitter ses parents, etc., e t c . ; mais qu'elle viendrait me rejoindre aussitôt que je serais placé. Je cédai encore à ses larmes, et je partis seul, laissant derrière moi tout ce que j'avais de précieux, ma femme et mon enfant. Non, dans n'importe quelle circonstance, ne laissez jamais derrière vous votre famille, car vous ne savez pas quand vous la reverrez. Je partis, dis-je, et j'empruntai l'argent nécessaire à mon voyage. Je ne parlerai pas de la douleur que me causa cette séparation, mais j'aimais ardemment et tendrement ma famille ; jugez ! Je travaillais à Bercy, lorsqu'il me vint un mal d'aventure au doigt. J'allai à Pouilly, attendu que ces sortes de maux sont ordinairement très-lents à guérir. J'y passai un mois environ ; puis, une fois rétabli, je repartis pour Paris. A mon arrivée, je visitai un de mes cousins germains, M. Eugène Andraud, entrepreneur, qui me proposa d'être chef de chantier. J'acceptai et me rendis de suite sur le lieu des travaux. C'était un pont en construction, à Maisons-Laffitte, près Paris. C'était au mois de mars 1855.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.