Les détenus politiques a l'ile du diable

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— 242 — liens et Espagnols, tous ont organisé une ou plusieurs compagnies de garde nationale dont l'uniforme est un souvenir de la patrie absente et des hauts faits de leurs pères. Les Américains ont emprunté à la France et à l'Angleterre la plus grande partie de leurs costumes, toutefois, dans cette bigarrure d'uniformes, ils n'ont point oublié celui de 1776, rendu si glorieux par les soldats qui servaient sous Washington, ce héros de la guerre de l'indépendance. Voyez passer cette compagnie qui rappelle aux yeux et à la mémoire l'habillement complet du général illustre : habit à la française à revers retroussés, bleus et chamois, le chapeau tricorne, les culottes blanches, les bottes à revers et les buffleteries de l'ancien modèle ; tous sont descendants des compagnons de celui dont les États-Unis sont fiers à tant de titres. Voici ensuite les Écossais aux jambes nues, dont les habits bariolés de mille couleurs sont rehaussés de la claymore traditionnelle et de la poche armée du poignard à triple usage. Les Français marchent après eux, représentation fidèle de l'infanterie d'élite de France ; les Prussiens aux habits blancs, à passe-poils bleus ; les Italiens en costume vert et rouge, uniforme national prohibé par l'Autriche ; les Suisses, glorieux de déployer aux yeux de la foule le drapeau des 22 cantons ; les Hongrois, en petit nombre, mais tous héros de cette guerre illustre dont Kossuth fut le Napoléon. Les voilà tous défilant avec ordre, prenant au sérieux la parole officielle, et marchant au son d'une musique dont la grosse caisse et le fifre font les princi-


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