Les frères de la Coste, flibustiers et corsaires

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LES FRÈRES DE LA COSTE en la possession des Français. Ceux-ci, qui n’ étaient point contents de cette possession, passèrent dans l'Isle Espagnole, autrement Saint-Domingue, dans laquelle ils trouvèrent un sy grand nombre des bestiaux qu'en moins de cinq années, il y avait 500 chasseurs appelés boucaniers, qui, à force de combattre, gagnèrent toutes les terres dont Sa Majesté est en possession. Ce préambule établit donc le

droit du Roi sur Saint-Domingue, et Ducasse signale que le sieur du Rossey, qui commandait pour les peuples à la Tortue, céda à la Compagnie d’ Occident une habitation, une tour et quelques mauvais canons pour la somme de I5,000 livres, mais nul droit de souveraineté. Il indique, en outre, que c’est à la demande du peuple de la Tortue et de la coste espagnole que fut réclamé au Roi

un gouverneur, le sieur d’Ogeron, en l’espèce. Saint-Domingue est donc, depuis, réuni au domaine royal et cela volontairement sur la promesse des autorités royalles qu'elles n'imposeraient jamais aucun droit dans lesdites colonies de l'Isle Espagnolle et Ducasse ajoute : L'exemple du Royaume est une preuve évidente de cette nécessité quand les peuples n'auraient pas en leur faveur la raison de la conquête, ceux des Pyrénées qui gardent les passages d'Aragon, ceux de Biscaye, Navarre, les villes de Dunquerke, Ypres, Lisle et les autres payent-ils le même tribut que celles qui sont dans le cœur du Royaume. Pourquoi donc imposer des droits ? Les colonies sont des places fortes avancées ; il importe de favoriser les colons, or le fermier n'a que la jouissance de son bail en teste et Ducasse rappelle qu'il ne peut pas y avoir une plus fausse maxime au monde que celle d'imposer des droits à des peuples éloignez. Vous leur interdirez tout commerce étranger, aucune denrée ne peut sortir que du royaume et entrer de mesme, n'êtes-vous pas le maître absolu d'imposer sur celles-ci tout ce qu'il vous plaira; la perception s'en ferait sans murmures mais je prends la liberté de vous dire que vous ne ferez jamais des colonies qu'en donnant les moyens aux colons de s'enrichir. L'inconstance naturelle du français et l'amour pour leur Patrie les portent tous à se retirer s'ils ne peuvent y avoir l'espérance d'une fortune qui puisse les retenir. Retour de Ducasse en France. I700 •

En juillet I700, M. Ducasse est en France et se repose des fatigues d’un long séjour sous les tropiques. Et cependant on le consultait sans cesse sur les affaires de sa colonie dont son intérimaire, M. de Galliffet, assurait la gestion. Dans une lettre, datée de Versailles le II août I700, M. de Pontchartrain demandait par exemple à Ducasse s’il est utile, comme le réclame de Galliffet, d'augmenter le nombre des engagés destinez à Saint-Domingue, parce que les habitants savent les employer plus utilement et s’il est nécessaire de 200


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