Les derniers flibustiers. La vie au désert

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LES DERNIERS FLIBUSTIERS

regards fixés sur les aventuriers massés devant la maison. Julien, qui s’était arrêté au milieu du salon, ne les avait pas même entendus venir. La tête entre ses mains, les sourcils froncés à se joindre, il obligeait son esprit à un travail immense. Soudain, une porte s’ouvrit et une voix douceet triste prononça : — Que me voulez-vous, senor, et pourquoi ces hommes devant ma maison ? Au son de cette voix, le jeune homme eut un tressaillement de tout le corps et il écarta vivement ses mains pour regarder la personne qui venait de parler. C’était une femme de cinquante ans environ, mise avec élégance, mais dont le visage pâle portait toutes les empreintes d’une profonde souffrance intérieure. En l’apercevant, Julien jeta un cri terrible, bondit vers elle et la prit dans ses bras en rugissant : — Ma mère ! ma mère ! — Que dites-vous? s’écria la femme en tentant, mais vainement, de se dégager des bras de Julien, qui couvrait de baisers fous ses cheveux, ses mains, son visage. — Je dis, répondit Julien, ivre de bonheur, je dis que je me souviens enfin... Voyous, ajouta-t-il en ouvrant les bras et reculant de deux pas, regardez-moi bien ; ne retrouvez-vous pas dans mes traits l'image de... — De celui que je pleure depuis seize ans ! murmura l’inconnue en chancelant et se renversant en arrière. Julien se précipita, la reçut dans ses bras et la coucha sur un divan en criant : — Holà ! quelqu’un ! Vite, du secours ! A cet appel, les serviteurs firent irruption dans le salon.


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