52 Admettons que les châtimens des anciens fussent aussi c r u e l s , aussi terribles que ceux des colonies; que le sang des esclaves coulât sous leurs coups , c o m m e il est versé chaque jour par les planteurs : au moins ils avaient l'espérance que leurs tourmens auraient un terme, ils pouvaient se créer un pécule et obtenir leur manumission, tandis que le terrible jamais est prononcé pour les noirs. Les obstacles mis à l'affranchissement, dans les colonies, n'équivalent-ils pas à un refus
formel ? Le maître n'est
point l i b r e , c o m m e chez les Romains , d'affranchir esclave. Il faut qu'il s'adresse au g o u v e r n e u r ,
qui
son ne
peut délivrer qu'un petit nombre de patentes de liberté, et encore fixe-t-il une somme considérable, qu'il faut payer d'avance, sous prétexte d'assurer au fiscale droit de capitalion : en sorte qu'il faut s'imposer un double sacrifice; et même à ces conditions, il est rare et très-difficile de faire acquiescer à votre demande. Chez les R o m a i n s , la seule déclaration du maître, faite dans les temples ou devant les préteurs, suffisait pour faire obtenir la liberté, et cette liberté n'était pas restreinte c o m m e celle des h o m m e s de couleur dans les colonies. Les affranchis passaient de suite à l'état de c i t o y e n s , et participaient à tous les privilèges de la cité (1). La patente de liberté à la Guadeloupe est un certificat d'infamie, un titre qui entache l'origine des affranchis. La liberté de savane est un a b u s , un signe de la perfidie et de l'égoïsme des colons. Ils en ont fait une position m i x t e , vicieuse, in-
(1) L ' a u t e u r , profitant d e s connaissances qu'il a puisées d a n s les c o l o n i e s , publiera b i e n t ô t son o p i n i o n sur le m o d e d'affranchissement e t d ' a m é l i o r a t i o n qui lui p a r a î t le plus c o n v e n a b l e d a n s les temps a c t u e l s .