Les gardiennes de l'avenir

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La stérilisation une forme de génocide Une récente étude de statistiques a mis à jour des faits surprenants concernant /a politique de santé du gouvernement américain. On a en effet constaté que, dans les années 70, de nombreuses femmes indiennes avaient été stérilisées par les médecins de l'IHS. On peut se demander s'il ne s'agissait pas là d'une tentative discrète de génocide. n 1972, une patiente indienne fit une surprenante demande au docteur Constance Redbird Uri (médecin choctawcherokee) : ({ J'ai entendu parler de greffe de reins» dit-elle, « et je voudrais savoir si vous pourriez me donner un nouvel utérus ». A l'âge de vingt ans, cette jeune femme, alors alcoolique, avait été stérilisée par les médecins de l'IHS. Des années plus tard, ayant résolu ses problèmes d'alcoolisme, elle voulut fonder une famille. Mais elle n'avait pas été informée de l'irréversibilité de l'intervention. Le docteur Uri a découvert des milliers d'autres cas de femmes indiennes stérilisées, à leur insu, par les médecins de l'IHS. Selon une étude du General Accounting Office, 3406 femmes indiennes ont été stérilisées entre 1973 et 1976. Si l'on considère que cette étude s'applique à une minorité de la population, le taux de stérilisation est anormalement élevé, bien qu'étant largement inférieur au nombre de stérilisations pratiquées en réalité. Le GAO a seulement étudié quatre des douze secteurs gérés par l'IHS et n'a basé son étude que sur les rapports de ce dernier. Le GAO n'a pas étudié au cas par cas, ni analysé les relations médecins-patientes, ni même interrogé les femmes qui avaient été stérilisées. Parmi les abus commis dans les 51 hôpitaux de l'IHS, l'exemple le plus alarmant est sans doute celui de l'hôpital de Claremore en Oklahoma. Une étude des dossiers de 1973 a révélé que plus d'une femme indienne sur

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quatre, admises à l'hôpital, avait été stérilisée. Un certain nombre d'entre elles était âgé de moins de vingt ans. En 1975, Emery A. Johnson, alors directeur de l'IHS, a déclaré que « l'IHS considérait la stérilisation non thérapeutique comme une méthode légitime de planning familial » et il a ajouté qu'il ne connaissait pas de cas pour lesquels cette pratique ait été utilisée de façon abusive. Pour le docteur Uri, ({ stériliser une femme, sans aucune raison thérapeutique, alors qu'elle est adolescente est tout simplement criminel ». Il y a eu effectivement violation des lois fédérales, puisque les formulaires de consentement les plus utilisés n'informaient pas clairement les femmes qu'elles

avaient le droit de refuser cette opération. D'après les entretiens du docteur Uri avec des milliers de patientes, la plupart des femmes indiennes ont été stérilisées au moment de l'accouchement, alors qu'elles étaient sous l'influence de puissants sédatifs. Selon le docteur Uri, cette pratique résultait d'un préjugé, largement répandu chez les médecins, qui consiste à croire que l'on peut résoudre les problèmes de pauvreté en empêchant les enfants de naître. Au lieu de cerner les causes de la pauvreté et de faciliter l'accès à l'emploi et aux soins, le gouvernement américain a créé un « service de santé » qui pratiquait un génocide. Traduction: Fanny Dufou

Constat... « Selon les statistiques, nous sommes les moins éduquées, nous recevons les plus bas salaires ... Nous voyons nos bébés mourir à un taux 3 fois supérieur à celui des autres groupes ethniques. Nous prions pour la sécurité de nos adolescents qui se tuent 6 fois plus fréquemment que les autres. Nous regardons nos fils partir en prison. 65 % d'entre eux seront incarcérés avant

d'avoir 20 ans. Nous savons qu'il y a plus de 90 % de chances pour que nos enfants échouent dans le système scolaire des Blancs. Nos filles sont 7 à 9 fois plus susceptibles d'être violées que d'avoir le bac! Nous savons que nos maris ont une possibilité de vivre au-delà de 35 ans ... s'ils ont de la chance! Nous ne représentons que 2 % de la population totale du Canada, mais

nous sommes les plus exposées aux violences domestiques (à Calgary, 40 % des femmes que l'on retrouve dans les services d'urgences et dans les foyers d'accueil sont indiennes). Les femmes indigènes n'ont que peu de chances d'échapper au cercle vIcieux ... » Extrait d'une confirence de Doreen Spence Université de Calgary (Septembre 1991).


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