Chez nos Indiens, quatre années dans la Guyane française (1887-1891). Partie 1

Page 86

72

CHEZ NOS I N D I E N S .

(ou Moutacaoua), village de trois cases. Le sentier, qui, de ce côté, ne franchit aucune montagne, se continue jusqu'à l'Approuague et à l'Inipi, vieux dégrad des É m e r i l l o n s sur le Camopi. L'Inini, d'après Apatou, serait une rivière relativement facile. On rencontre seulement, dit-il, aux grosses eaux, dans le bas de la rivière, deux sauts que les Bonis appellent : Langa Soula (le saut long) et Grand Soula (le grand saut), puis, dans le haut, le grand saut Inguié Foutou. Mais les courants sont forts. Avec un grand canot chargé il faudrait une douzaine de jours pour arriver à la bouche du sentier des É m e r i l l o n s . Le seul affluent important qu'on rencontre, dit-il, est un affluent de droite dont l'embouchure est à un j o u r de canotage en montant. Apatou connaît, dans l'Inini, deux villages émerillons, plus celui de Macoucaoua (ou Moutacaoua). On lui a parlé également d'un autre village émerillon voisin, sur les bords de l'Ouacqui, à un ou deux jours de Macoucaoua dans la direction sud-ouest. Vers 1 8 2 0 ou 1 8 3 0 , les É m e r i l l o n s avaient eu, dit-on, plusieurs villages dans le Moyen et le Haut Camopi. Ces villages auraient depuis longtemps disparu. Le saut Simayé, auquel nous arrivons pendant cette digression, se compose de plusieurs barrages de roches entre lesquels la rivière coule dans tous les sens. Maintenant les passes des sauts et des rapides n'ont pas plus de 2 0 centimètres d'eau. Un peu plus haut, sur la rive d'Amponou Tahiki, on a une très belle vue des montagnes d'Aouara Soula et de l'Aoua élargie coulant sud et libre d'îlots jusqu'à Laoua Mofou Tabiki. C'est derrière Laoua Mofou Tabiki (l'île de la bouche de l'Aoua) que se trouve en effet l'embouchure de l'Araoua. La rivière que nous appelons Araoua est appelée, par les Bonis, Laoua, comme leur propre rivière. Mais, pour eux, cette Laoua qui tombe dans la grande Laoua, derrière Laoua Mofou Tabiki, n'est qu'un affluent de la grande rivière,

laquelle est formée par l'Itany et le Marouini. Cette der-

nière rivière porte, dans l'idiome des Bonis, le même nom que le fleuve Maroni, ils appellent l'un et l'autre Marouina. Les géographes ont suivi cet exemple et ils appellent Crique Maroni la rivière que les Roucouyennes appellent Marouini. Pour éviter de faire prendre cette crique Maroni pour la véritable continuation du fleuve, nous lui laisserons son nom roucouyenne de Marouini Polili (rivière Marouini). L'Araoua est une rivière connue dans la plus grande partie de son cours.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.