Musique coloniale et société à Saint-Domingue dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. Vol.1

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générale ou les colons à Paris par le citoyen D***20. En 1797 une pantomime, Le Itéras africain ou la traite des Noirs, toujours au Cap indique qu'il y a des musiciens actifs à cette époque 21 . La salle est elle-même bien identifiable dans la ville - rue du Panthéon en face du consul américain22 - même si nous ne disposons pas de plan de cette période permettant de situer les rues indiquées. Enfin à l'autre bout de la colonie, aux Cayes, le cadastre de l'an VIII (1800)23 indique une salle de comédie appartenant toujours à Esmenard et Jouée 1 500 E. De la même façon toute cette période laisse entrevoir par moment la présence de musiciens même lorsque la situation paraît Join de favoriser un quelconque divertissement. En 1792, Caillé est encore indiqué "maître de musique" dans les annonces du Cap24. Clément, la même année, est indiqué "de la comédie"25. A la fin de la guerre d'lndépendance, on trouve encore des musiciens maçons dans une loge du Cap Kerdelmann, Crécy et Quine sont portés sur le tableau de la loge "Les 7 Frères Réunis" à l'Orient du Cap le 3 mars 180226. Dans le même temps, Mary Hassal témoigne de concerts semi-privés organisés au Cap à une date inconnue mais comprise entre juillet 1802 et octobre 1803 "M. D'Or donne un concert tous les jeudis[... ] et le Général en Chef tous les dimanches." 27 "Nous allons quelquefois aux concerts donnés par M. D'Or, où chante Mme P... une jolie petite parisienne et que préside avec une solennelle dignité Mme A ... accompagnée de sa fille. "28

On voit donc que la musique fait jusqu'aux dernier jours partie intégrante de la vie des colons dominguois ou, dans le dernier cas, des militaires de l'armée française et ce à quelques semaines de la bataille finale, celle de Vertières. Dans ce contexte, il est très probable que des spectacles aient eu lieu pendant une partie de la guerre d'lndépendance lorsque les conditions Je permettaient. A la suite de ces manifestations musicales coloniales, il n'est pas surprenant de constater, d'après les quelques rares témoignages disponibles, que la jeune République 20 CAOM: Bib MDSM, RC 1ère/ 50. 21 CAOM: Bib MDSM, RC 2ème/175, Bulletin officiel de Saint-Domingue, Le Cap, 28/5 /9ï. 22 CAOM: Bib MDSM, RC 2ème/175, Bulletin officiel de Saint-Domingue, 1/8/97. 23 CAOM: DPPC, Gl 495. 24 CAOM : Bib MDSM, RC 2ème/19-20, Moniteur général de la partie française de Saint-Do111i11g1ie, 11/8/92. 25 CAOM : Bib MDSM, RC 2ème/19-20, Mo11iteur gé11éral de la partie française de Saint-Domingue, lï/9/W.. 26 BnF: Manuscrits, FM2 543, pièce 19. Voir également l'analyse du tableau de 1803 de la même loge par P. Baudrier dans Généalogie et Histoire de la Caraïbe n° 175, nov. 2004, pp. 4348-4350, d'après un document de la Staatsbibliothek de Berlin (Nb 4434 / 179). La loge, à cette époque, compte 80 membres et la colonne d'harmonie dix musiciens. 27 Sannon P. Le Cap français v11 par u11e américaine Port-au-Prince; Herau><, p. 35. 28sannon P.op. cit., p. 77.

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