Histoire universelle des Indes occidentales

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LIV. II. DE L’HISTOIRE VNIVERSELLE

cuit de l'Isle se rencontrent plusieurs bans bien dangereux pour les nautonniers ; car vers le Septentrion est vne large Charibde bien à craindre pour les tournoyennes, & golfes de ses ondes ; & son auton vers Iamaica & le riuage Iucatane , est aussi plein de maints petits rochers Iardiniens. Colomb en sa seconde nauigation nomma ceste isle Ieanne ; mais il sceut des habitans qu’auparauant on la nommoit Cuba : apres elle eut nom Ferdinandine, par le commandement du Roy Ferdinand, soubz qui elle fut descouucrte. Aucuns disent qu’autrefois on l'appelloit a. & o. mais cela ne se trouue escrit : bien qu’il soit vray toutefois (comme tesmoignent les historiens du mesme temps) que le haure fut ainsi nommé de Colomb. La région est montaigneuse & plaine de forests & riuieres, & de plusieurs estags d’eau douce & salée, qui fait que le sel n’y manque point. D’auantage il y a des mines d’or, car outre ce que les motaignes en ont plusieurs fort secondes, les grauiers des riuieres sont tous en or. Ceste isle a six villes bien habitées , dont la capitale est la colonie de S. Iacques, bien cognue à cause de son fleuue & de son port ; les autres villes à ce que l’on raconte ne sont gueres peuplées.C’est chose digne de remarque qu’vne certaine vallée (à quinze mil pas du temple de S. Iacques, est si plaine & couuerte de grandes boules pierreuqes, qu’il semble qu’on les y ait mis pour plaisirs, bien qu’elles y soient naturellement. Outre l’Orient aupres le port du prince, est vne source qui iette continuellent de la poix. On dit qu’autrefois on y prenoit plaisir d’appriuoiser les serpens,qui sont en grande multitude en ceste iste. Les habitans lors qu’elle fut descouuerte, alloient tous nuds, comme en Hispaniola pour en parler en deux mots, toutes choses estrangeres, & du pais mesmes s’y trouuent & croissent de mesme qu’en ceste Hispaniola Le peuple se contentait de ce que la nature produisoit, & n’auoient rien de propre, ny particulier ; ains viuoient tous en commun, tout ainsi que le soleil & l’eau naturellement sont communs à tousLes champs doneques estoient ouuerts, & sans loix viuoient comme la mere nature les conduisoit, tant seulement leur defailloit la lumière Euangelicquc, dont par la grace de Dieu ilz sont maintenant illuminés.

IAMAICA.


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