La découverte des Indes Occidentales, par les Espagnols

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215 La possesssion des richesses ne peut jamais remplir l'ame, ni la contenter par faitement : ainsi elle desire perpetuellement d’avoir ce qu'elle ne possede pas encore ; & comme l’avare a choisi les richesses pour fa fin principale, & que tout le reste lui est assez indifferent, il s’y donne tout entier, & il emploie tous ses soins & toute son industrie pour en amasser ; & ce desir s’augmente, & devient plus violent à mesure que les richesses s’accumulent, selon cette maxime du Philosophe, que le mouvement est plus impetueux, plus il approche du terme. L’avarice est un mal plus incurable que la concupiscence ; parce que l’objet de l’avarice & les choies qu’elle promet entraînent l’homme avec plus de violence le pouvoir de l’argent a plus d’étendue ; il met l’homme en état de contenter sa concupiscence, qui ne peut pas lui faire obtenir des richesses s’il en manque. Le desir de l’argent dure plus que l’appetit des plaisir, quelque violent & quelque emporté qu’il soitpour un temps. L’avarice croît toûjours, & ne s’éteint qu’avec la vie. Plus les défauts naturels croissent, plus le desir d’amasser se fortifie, comme on le remarque dans les vieillards, qui deviennent plus avares autant qu’ils approOij dans les Indes.


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