L'Histoire du Nouveau Monde ou description des Indes occidentales. 3

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OCCIDENTALES LIVRE. XVII. 569 Seulement i’eftime qu’il appert parindices assés manifestes, qu’Orellana est descendu cette riuiere de laquelle nous traitons maintenant, & qu’il y eft retourné pour la seconde fois,de forte qu a bon droit elle doit encore eftre appellee de fon nom. Pierre de Orfua suiuit Orellana, mais ce fut vn fort long temps apres, fçauoir l’an CIϽIϽID LX , comme escrit Iuan de Castellanos, du voyage duquel Iofeph Acosta fait mention en cette maniere : le Capitaine Pedro de Orfua ( dit-il ) entreprit vn autre voyage le long de cette riuiere (or il parle de la riuiere des combien que par vne erreur familiere illanomme aussi Marannon ) & eftant mort, les autres Capitaines pourfuiuirent,bien que les soldats fe mutinaftent,iufques à ce qu’ils arriuerent à la mer 10 du Nord. Il y a vn Religieux ( dit-il ) de noftre Société,qui ma raconté,qu'il auoit efté à ce voyage eftant encore seculier ; & qu’il auoit trouué que la maree montoit cent lieues haut dans la riuiere, & quand la riuiere commence à fe mesler dans la mer,qui est fous la ligne mesme ou enuiron, son emboucheure eft large de septante lieuës, ce qui n’eft pas croyable, & excede la largeur de la mer Mediterranee : veu que d’autres en leurs defcriptions ne lui donnent feulement que xxv ou xxx lieuës ; voila ce qu’il en dit. VValther Raleg fait mention de ce voyage en la description de Guiane ; & efcrit que de Orfua estant parti de Quito entra par la riuiere d'Oia dans celle des Amazones ;& qu’il fut tué par Agio Biscayen. Lopez Vaz fait aussi mention du mefme. le ne trouue pas qu’apres cela aucun Espagnol ait visité cette riuiere,où qu’on ait 10 eftayé de mener aucune Colonie dans ces Prouinces,de forte qu’il n’eft point parlé du tout de cette riuiere dans Herrera & autres Autheurs Espagnols, au moins que i'aye veu ; le seulLopezVaz,le Commentaire duquel a efté imprimé en Anglois,efcrit qu’vn certain Portugais la essayé,mais fans aucun bon fucces, & qu’il ne monta la riuiere que quelques lieuës, fans y auoir remarqué chose de merite. Or apres l’an CIϽ IϽC xv XV les Portugais commencerent de fe placer fur les riuages de Para, qui eft fans doute vne branche de cette grande riuiere, comme nous auons dit ci-dessus, & peut eftre prendront dessein fur le refte, s’ils ne font empeschés des Anglois & de nos Belges. Mais retournons maintenant à la description de la riuiere. 3o

CHAP.

III.

Description de la grande riuiere des Amazones selon les obseruations des Anglois & des Belges.

tres-grande riuiere, qu’on penfe eftre appellee des Sauuages Tobo, ou mefme Para (comme ils ont couftume de nommer presque toutes les grandes riuieres,les lacs & la mer mefme du nom de Para ) eft communement nommee des Efpagnols Rio de S. Iuan de las Amazones ; & par fois Orellan de celui qui la premiere descouuerte ; combien qu’ils attribuent aussi ce nom à l’Oronoque, comme on peut 4o voir en diuers lieux dans Iofeph Acosta & Antoine Herrera, par la mefme erreur que celle laquelle nous auons ci-dessus descouuerte en la description du Marannon. Tous les Autheurs qui ont fait mention de cette riuiere, donnent vne fort grande largeur de fon emboucheure, prenant l’efpace d’vn Cap à l’autre, les vns lui baillans cinquante lieues,les autres foixante,d’autres encore plus: combien que ceux de noftre natiō, qui ont nauigé de son Cap Oriental, le long duquel pafte Para,iusques à la nue de main droite d’icelle riuiere y en ayent trouué beaucoup moins, de sorte qu’il faut que l'emboucheure en soit plus estroite ; toutesfois puis qu’il eft manifefte que la latitude de l’vn & de l’autre Cap differe beaucoup, & que l’Oriental eft à enuiron demi degré de la ligne vers le Sud, & l’Occidental à deux degrés d’icelle vers le Nord ; on pourra Jo aifement accommoder enfemble l’vne & l’autre opinion ; car ceux qui lui donnent la plus grande largeur, femblent la mefurer d’Vn Cap à l’autre, & ceux qui la font plus eftroite fuiuent la droite ligne du Cap Oriental à la riue opposite. On conte aussi merueilles,principalement les Efpagnols,du grand courant de cette riuiere,& de l’abondance des eaux qu’elle descharge dans l’Ocean, qui fait qu'elle garde fon cours entre les ondes de la mer beaucoup de lieuës,& qu’on y puife de l’eau douce & bonne à boire fort loin hors de fon emboucheure : ce que l’experience a fait voir Cccc eftre

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