Avec les "Rouges" aux Îles du vent

Page 126

TROUBLES

A

LA

GUADELOUPE

115

trop tardives deviennent inutiles parce que, comme vous le voyez, nous sommes maîtres du champ de bataille et qu'il est enfin temps de nous donner un asile plus décent et plus sûr. » Sur cet exposé, le commandant de la station navale osa prendre sur lui de nous recevoir sur son vaisseau à l'exception des sept jeunes gens qui restèrent à la disposition de M . de Boisgelin pour être conduits et jugés au premier port de France où ils aborderaient. Cette séparation fut cruelle de part et d'autre, nous nous embrassâmes comme des gens qui devaient ne plus se revoir et q u ' u n même sentiment avait constamment réunis. L e 6 décembre, nous les perdîmes de vue. Q u a n t à nous, quoique nous fussions condamnés à la m ê m e déportation sur des vaisseaux marchands, nous n'en goûtâmes pas moins sur l'Éole toutes les douceurs d ' u n repos dont nous avions un si grand besoin. Vainement ensuite M . de Girardin employa-t-il tous les moyens possibles auprès de M . de Blanchelande, non seulement pour l'engager à rétracter sa première sentence à notre égard, mais même pour le convaincre de la nécessité de faire retourner sur la frégate la Didon, son capitaine et son état-major. Ce que n'osa prendre sur lui u n gouverneur général, ce que la pusillanimité de M . de Girardin empêcha d'entreprendre, fut exécuté par un homme dont la moralité et la façon de penser diffèrent diamétralement de celle de ces deux chefs ; et voici comment :


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.