Les Antilles Françaises, particulièrement la Guadeloupe. Tome II

(448) L'aventurier, fauteur de tous ees m a u x , ce Law, de méprisable m é m o i r e , qui avait été couvert d ' h o n n e u r s ; qui possédait quatorze terres t i t r é e s , fut ignominieusement chassé dès que la F r a n c e ouvrit les yeux. Le p e u ple voulut le mettre en pièces; son carrosse fut brisé , et il ne dut son salut qu'à la vitesse de ses chevaux. Dégradé de ses titres et de ses h o n n e u r s , les biens qu'il avait usurpés furent confisqués ; ses meubles furent vendus publiquement; il alla cacher sa honte à L o n d r e s , et ensuite à V e n i s e , où il m o u r u t de misère en 1 7 2 9 : triste c o m pensation des maux irréparables qu'il avait causés.

Pour parvenir à réduire les dettes publiques, proportionnellement aux facultés de l'état, on ordonna un visa général de tous les effets nouveaux; on était tenu de d é clarer leur origine et le prix auquel on les avait acquis, afin qu'ils fussent réduits en conséquence. Il y eut jusqu'à huit cent commis employés à ce travail. Que de découvertes frappantes il en résulta ! La fortune du ministre Leblanc montait à 17 millions; celle de M. Lafaye à a u tant ; celles de MM. de La Farge à 20 millions , de M. de V e r r u e à 28 et de Madame de Chaumont à 120 millions Par ce visa, les déclarations de tous les effets et de toutes les actions, existantes alors, tant sur le roi que sur la c o m p a g n i e , montaient à 3,200,000,000, et près du tiers de cette somme était formé par les actions de la compagnie, dont le capital était de 900 millions. Il s'élevait originairement au double de cette s o m m e , mais il avait été réduit de moitié, tant par les sacrifices volontaires des seigneurs mississipiens, à la tête desquels étaient le duc de Bourbon , le duc d'Antin et Law lui-même,