Le Songe, suivi du Discours d'un nègre conduit au supplice

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( 20 ) vous avez daigné l’honorer. Déjà les ministres du Très-Haut sont l’objet de ses railleries. Que dis-je ? déjà l’étendard de la révolte se déploie, et l’impie ne veut plus de Rois ni sur la terre ni dans les cieux. Ah ! Sire , sauvez-moi, sauvez-vous ! je vous en conjure au nom de l’Etre-Suprême , de cet Etre dont vous êtes l’image et de qui seul vous tenez le sceptre ; je vous en conjure au nom de tous ceux que dévore le zèlo de la maison de Dieu et de la vôtre ; par vous - même, par votre rang , par ces genoux que j’arrose de pleurs. O grand Roi ! prenez la foudre , et si ., comme l’Eternel , vous aimez à être bon , comme lui aussi , aimez à punir les rebelles. A ce discours , le Roi frémit $ et, toujours trop crédule , il s’abandonne encore aux conseils perfides qui l’assiègent. Son peuple n’est plus pour lui qu’un sujet de crainte. Sa capitale sur-tout, lui donne de l’effroi. Déjà des armées forment, autour de Lutèce , un cercle terrible ; déjà la diète auguste est sur le point d’être rompue. Tout-à-coup retentit cette voix redoutable : Gaulois, jusqu’à quand avilirez-vous ce nom ? jusqu’à quand ,


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