Journal particulier d'une campagne aux Indes occidentales (1781-1782)

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— 50 — général ne peut apercevoir du centre de son armée, où il est enveloppé de feu et de fumée et d’où même il ne peut juger aussi précisément la justesse d’une manoeuvre nécessaire. Le premier combat de Saint-Christophe prouvera la vérité de ce que j’avance. Du 31 mars au 2 avril, le temps fut pluvieux et le vent très fort, variant du nord à l’est; nous faisions grand chemin, gouvernant toujours à l’ouest, un peu vers le sud afin d’entrer le plus tôt possible dans la zone torride et continuer paisiblement notre route à la faveur des vents alisés. Le 3, le temps devint beau, le général nous fit évoluer sans perdre de vue le convoi qui continua tranquillement sa route ; à la nuit, on reprit l’ordre de marche. Le 4, il y eut un peu de pluie, nous cessâmes de nous chauffer, nous commençions à sentir les approches du tropique. Du 5 au 7, il régna un calme triste et ennuyeux. Rien de plus triste que ces calmes. Tous les marins disent qu’ils aiment mieux un coup de vent qu’un calme. Nous occupâmes notre équipage à faire l’exercice, et nous mîmes deux fois notre canot à la mer pour éloigner un bâtiment marchand, que la lame nous portait dessus. Dans la nuit du 7 au 8, il s’éleva un peu de brise de l’ouest et du sud-ouest, dont nous profitâmes pour nous rallier à l’armée qui était toute dispersée. Le 9, il y eut un peu de vent de la partie de l’ouest et du sud-ouest; nous tînmes le vent tribord amures et nous fîmes route jusqu’au lendemain qui nous amena les vents de nord-est, qui nous remirent vent arrière, en pleine marche. Ce même jour la corvette le Lively, nous quitta avec quatre ou cinq marchands qui firent route pour Cayenne sous son escorte. Le 11 et le 12 nous conservèrent des vents frais du nordest, qui nous firent faire grand chemin, et nous indi-


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