Recherches philosophiques sur les Américains ou mémoires intéressants. Vol. 3

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des Recherches Philosophiques , &c.

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CHAPITRE XXIV. De la nature du commerce que lEurope fait avec l'Amérique. NE point trouver dans un livre ce qui y est, & y trouver ce qui n’y est pas, c’est encore une mauvaise maniérede critiquer un livre. Dom Pernety s’imagine qu’en disant quelques mots au hazard , du commerce que les Européans font en Amérique , il a suffisamment réfuté les Recherches Philosophiques ; mais il faut beaucoup mieux examiner les choses qu’il ne l’a fait. C’est une vérité incontestable, que , si les Européans avoient laide le nouveau Monde dans cet état affreux , dans cette désolation où ils le découvrirent , ils n’y commerceraient pas aujourd’hui. Mais comme ils firent d’abord venir des Negres & des Colons pour y défricher les terres , ils y recueillent maintenant le fruit de leur travail ; & ce n’est qu’autant qu’ils travaillent qu’ils recueillent, car si l’Angleterre laissoit l’Albanie, la Caroline , la Pensilvanie , dans la même situation où la France avoir laissé la Louisiane, elle en retireroit précisément ce que la France retiroit de la Louisiane ; c’est-à-dire rien. Il faut de plus distinguer , entre les productions du nouveau continent , celles qui ont une valeur réelle , d’avec celles qui n’ont qu’une énorme valeur fictive. D’abord les mines d’or & d’argent ne prouvent pas que l’Amérique soit un excellent pays : ceux qui travaillent à ces mines, n’ont pas de souliers ; ils n’ont pas de chemise. Enfin ces richesses font si mauvaises qu’elles ont appauvri l’Espagne &


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