Voyage à la Martinique : vues et observations politiques sur cette isle

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terriens , dans cet instant, poignardé/s par leurs frères , sont de justes effets de la vengeance divine, et sont autant de victimes immolées aux mânes des malheureux Américains. Les Espagnols commencèrent, le massacre des insulaires des Antilles au quinzième siècle, et les Anglais vont tâcher de les exterminer au dix-huitième. Ceux-ci, d’accord avec les Francais pour s’emparer de leurs biens, donnèrent, en 1660 , les îles de la Dominique et de SaintVincent, qui ne leur appartenaient pas , au reste des Caraïbes échappés des carnages précédens , et qu’ils chassaient de leurs établissemens. Cette race (1) fut d’autant

(1) Les nations de l’Europe ne voulurent pas même la charger de fers : le bruit et la vue des chaînes leur eussent rappelé des forfaits que la terre devait ensevelir, mais que l’extinction entière de la race n’a pu faire oublier. Elles aimèrent mieux être des. bourreaux inhumains que d’injustes persécuteurs. L’attendrissement et les remords vinrent au secours des malheureux Caraïbes : un crime de plus leur arracha la vie ; mais ils échap-


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