Histoire générale des Antilles Tome 3 suite

Page 104

— 319 — fants impubères pour le profit de ladite Roblot, mulâtresse libre, et sous la charge et condition que l’adjudicataire ne pourrait la vendre, ni en disposer en faveur de ladite Roblot sous aucun prétexte, lui interdisant toute puissance et autorité sur les esclaves, et lui enjoignant à cet effet de mettre ceux qui lui restent sous une autre direction que la sienne, à peine de confiscation desdits esclaves. En 1780, un habitant du François, qui avait jeté son épée à la tête d’une négresse, laquelle épée s’étant cassée derrière le cou, au point qu'il avait fallu en retirer la lame par les dents, fut déchu de tout pouvoir sur ses esclaves, iceux vendus à son profit; mais ladite négresse maltraitée, ainsi que sa famille furent confisqués au profit du roi (1). Ces atrocités sont heureusement fort rares, et commises par des gens de la plus vile condition; l'intérêt souvent prescrit à d’autres une commisération, que l’humanité seule devrait leur inspirer. Par un abus contraire à toutes les lois, à toute idée de justice, l’esclave est soumis uniquement à la loi que son maître veut lui imposer, il en résulte que celui-ci a sur lui, par le fait, le droit de vie et de mort ; ce qui répugne à tous les principes : il est à la fois l’offensé, l’accusateur, le juge, et souvent le bourreau ! Ecartons de nous ces idées, elles répugnent trop à la nature, à l’humanité. Il est malheureux d’être obligé de rapporter les exemples de pareilles horreurs commises sur la personne de ces êtres, déjà trop infortunés par leur esclavage, sans appesantir encore sur eux le joug le plus dur, le genre de cruauté le plus raffiné. Il existe des maîtres qui, non contents des genres de torture connus, en inventent encore pour faire souffrir leurs esclaves en quelque sorte plus voluptueusement à leur gré. (1) Nous avons été témoin, en 1828, d’un procès, qui produisit le même résultat. Une dame de nos colonies fut condamnée à un bannissement de dix ans. De plus, elle fut jugée ne pouvoir plus posséder d’esclaves. Un séquestre fut mis sur son habitation où il lui fut interdit de revenir.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.