Bulletin de la société de géographie. Septième série. Tome troisième

Page 151

EXPLORATION DU SAHARA.

149

usage dans ces contrées, sous le nom de ghefara, droit de protection. Les renseignements que nous a. transmis à ce sujet le chef de la mission, touchent en même temps de trop près à la situation politique des régions parcourues, pour ne pas leur laisser leur originalité propre, en reproduisant textuellement son récit. « Il y a quelques centaines d’années, dit-il dans son journal, Ouarglâ payait sinon un impôt, du moins une ghefara, au bey de Tunis, qui envoyait chaque année un chaouch, pour toucher en argent ou en nature. Une année, le chaouch, après avoir reçu son argent, s’était remis en route, lorsque le cheikh Bou Rouba des Chambâs l’ancêtre d’après la tradition, des Chambâs d’Ouarglâ, courut après lui, l’atteignit à El Hofra, le tua et emporta l’argent. Le bey de Tunis, trop loin pour venger cet affront, ne s’en préoccupa guère et Bou Rouba, par ce fait, se substitua à lui pour toucher le ghefara d’Ouarglâ. » Les Chambâs ont perçu cet impôt jusqu’à l’occupation française, et même quelque peu depuis ; ils le touchent encore d’autre part, de Ghadamès, par exemple, qui leur donne à ce titre, deux négresses par an. Mais il faut qu’ils aillent les chercher ; car, sans cela, on ne les leur enverrait pas. » Ce droit de ghefara est le droit de protection du Sud. C’est, en général, le nomade qui le perçoit sur les oasis. Il devient ainsi le patron des Ksouriens1, pour protéger leurs convois. » Les Larbâ de Laghouat le percevaient dans l’Ouest, sur Metlili et sur le Mzab. Les Touâreg le perçoivent sur Rhât, Ghadamès, etc. L’administration française l’a aboli en 1. Ksourien, habitant du ksar, village (au pluriel, ksour). Les Ksouriens sont les habitants sédentaires du Sahara.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.