L'abolitionniste français. Tome III

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330 forcé, tant que la commission aura souffle de vie. On ne veut ni préparer l’esclave, ni l’encourager. Son pécule est toujours fort mince; les subventions accordées par le Gouvernement sont limitées, et, pour atteindre les hauts prix fixés par la commission, il faudrait que l’esclave pût compléter son pécule, ce qui exige les plus durs sacrifices. En voici un exemple: Rosillette, esclave du sieur Glandut, s’était présentée d’abord au procureur du Roi, offrant 691 fr. 20 c. de pécule et sollicitant la subvention que le Gouvernement accorde aux plus méritants. L’officier du parquet fit observer àRosillette qu’elle pourrait réunir une somme de 864 fr. et qu’alors sa demande serait favorablement accueillie. Aussitôt Rosillette se démunit de ses hardes, se dépouilla de tous ses effets, et fit ainsi la somme exigée. Mais la pauvre femme, sujet d’élite, servante adroite et très utile à la famille Glandut, qui ne veut s’en défaire à aucun prix, n’en est guère plus assurée d'obtenir sa liberté, car on fait jouer tous les ressorts de l’influence auprès de la commission, et les démarches faites en sa faveur par un honorable citoyen de Saint-Pierre jusqu’auprès du procureur général ne sont pas assurées de succès. Il résulte de tout ce manége de la commission que les quatre cinquièmes de ceux qui se sont présentés avec un pécule insuffisant, pour être subventionnés, ont refusé d’effectuer leur versement au trésor, se récriant sur le taux de leur estimation et contre l’obligation impossible pour eux de compléter leur pécule, ne voyant plus qu’un leurre dans la loi qui semblait devoir briser leurs fers. Les chiffres justifient ce que j’avance ici. Une petite né-


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