La Guadeloupe physique économique, agricole, commerciale, financière, politique et sociale

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HISTOIRE DE LA GUADELOUPE

Chacun se flattait de n’avoir jamais douté de la victoire et réclamait des mesures exemplaires. Les manifestations de joie firent bientôt place aux représailles. La population noire vit avec terreur changer l’attitude de ceux qui l’affectionnaient tant les jours précédents. Dans la journée du 24 mai commencèrent les actes de violence : des Noirs et des gens de couleur furent assaillis, frappés, assommés. Les agitateurs s’emparèrent de la ville de la Basse-Terre. Le 25 mai, Richepance, craignant ces actes trop hâtifs, publia une proclamation demandant qu’on ne prolongeât pas « plus long« temps ces mouvements convulsifs », et annonçant que l’armée chargée de combattre était chargée de punir. « Quelques hommes croient, disait-il, que chaque événement doit '« être regardé comme une réaction. Plusieurs rapports me previen« nent que de simples citoyens, sans fonctions, sans autorité, sans « autres motifs que ceux de leurs petites vengeances, se permettent « d’insulter, de frapper, de faire arrêter même des personnes qui ont « le malheur de leur déplaire. Cette conduite ne pourrait que main« tenir dans l’erreur les malheureux séduits par des fourbes ». Richepance, en commandant une modération qu’il n’avait eue au premier instant, et qu’il devait perdre aussitôt lui-même, intervertissait les rôles en attribuant à ses adversaires ce qui lui avait permis de vaincre. Ses officiers, d’ailleurs, se chargeaient de démentir sa défense d’insultes et de troubles, en insultant les premiers la population noire désarmée. Certains, les plus timides autrefois, acquéraient brusquement une importance plus tard illustrée par nos historiens. Un de ceux-là fit afficher dans la ville la sommation suivante : « Invite la Municipalité a faire réunir aux magasins de la Ré« publique cent soixante noirs, mâles ou femelles, pour transporter « des vivres au Palmiste. « Basse-Terre, 23 mai, 2 heures du matin. « Le commissaire de marine chargé du service, BOSSANT. » Ce Bossant en effet était digne de l’Histoire. Le 27 mai, Richepance publia une nouvelle proclamation rappelant à la soumission les « rebelles » de tous les points de la colonie. Il n’y parlait plus de clémence et de « l’entier oubli du passé ». La situation n’était plus la même. L’expédition contre le chef de bataillon Ignace terminée, les généraux Gobert et Pélage s’étaient embarqués pour la Basse-Terre. Richepance les attendait, ralliant toutes ses forces, pour attaquer le colonel Delgrès. Celui-ci attendait dans la position du Matouba dont il avait fait augmenter les moyens de défense. « Kirwan, Dauphin et Jacquiet, officiers braves et intelligents, « commandaient sous ses ordres ». — Boyer-Peyreleau. Delgrès avait ses avant-postes au sommet de l’angle formé par la Rivière Noire et celle des "Pères.


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