Recherches chronologiques et historiques sur l'origine et la propagation de la fièvre jaune

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SUR L’ORIGINE ET LA PROPAGATION DE LA FIÈVRE JAUNE.

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tomberaient entre les mains de leurs ennemis. Quand le mort avait des esclaves, ses parents les tuaient, et s’ils prenaient la precaution de fuir, on ne les poursuivait pas. Les membres de la famille qui ne s’étaient point trouvés aux funérailles devaient, a leur retour, venir visiter le tombeau et y pleurer. Du reste, tous les naturels de l’Amérique professaient un grand respect pour les morts. Ceux du continent avaient dans leur rite barbare un jour consacré a ce qu’ils appelaient la fête générale des morts. Cette fete se reproduisait tous les dix ans ; alors on les exhumait et leurs dépouilles étaient admises aux réjouissances des vivants. Assemblées, réjouissanees chez les Caraïbes.

Les reunions chez les Caraïbes, appelées ouycous, du nom de la liqueur dont ils y faisaient usage (1), étaient provoquées par différentes causes. « Hommes, femmes et « enfants s’y enyvrent comme des porcs, dit Dutertre: « c’est dans ces débauches qu’ils se souviennent des injures « passées, qu’ils entrent en colère, que leur colère passe « en fureur, et que la fureur delate par des vengeances « horriblement funestes (2). » Toutes ces assemblées avaient pour motifs, soit la guerre, l’initiation des fils de guerriers au métier des armes, les relevailles du mari, comme nous l’avons vu, après les couches de sa femme, ou la coupe de la chevelure et le percement du nez, des oreilles et de la lèvre inférieure chez les jeunes enfants, soit le lancement d’un canot nouvellement fait ou le défrichement d’un jardin dans la forêt. (1) Le ouycou ou vicou était fait avec de la cassave réduite en pâte épaisse avec de l’eau tiède, dans laquelle on ajoutait des patates écrasées ; on mettait cette pâte dans un canari en terre, et après vingt-quatre heures on prenait un peu de ce mélange qu’on délayait dans I’eau. La fermentation alcoolique s’établissait alors dans le liquide, qu’on passait à travers un linge ou qu'on laissait tel, à volonté. (2) Dutertre, t. 2, page 386.

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