Recherches chronologiques et historiques sur l'origine et la propagation de la fièvre jaune

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SUR L’ORIGINE ET LA PROPAGATION DE LA FIEVRE JAUNE.

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« Dans la nuit du 2 septembre 1820, dit M. Artaud, au « travail duquel nous empruntons cette observation (1), « une heure après le coucher du soleil, la mer, devant notre « rade, parut tout a coup ceinte, a 1’horizon, d’une écharpe « lumineuse et chatoyante, comme les ondulations d’une « etoffe enrichie d’or et de pierreries. La lame qui battait « le rivage dessinait aussi le contour des cotes d’une lumière » argentée très vive et très agréable a voir. Tous les objets « flottants ou mouvants sur l’eau ou dans l’eau determi« naient, autour d’eux, la meme phosphorescence. Les « bateaux ainsi que les poissons semblaient traverser un « liquide enflammé. Les cables des navires, en mollissant « et en se raidissant alternativement, suivant l’ondulation « des flots, étaient comme des barres luisantes qui s’éten« daient du rivage aux navires, autour desquels régnait « aussi une ceinture lumineuse; les pierres lancées dans « cette eau y produisaient des jets de feu; tout corps, enfin, « qui déplaçait de ce liquide en faisait jaillir la lumière. « M. le contre-amiral Duperré, revenant a cette même « époque de Cayenne a la Martinique, nous assura que le « deplacement considerable des flots, occasionné par la « rapidité de sa marche, à 1’aide d’une forte brise, produi« sait autour de sa frégate une clarté si brillante la nuit, « qu’elle permettait de lire jusque dans les hunes. Les « caboteurs arrivant des colonies voisines nous disaient « tous avoir été étrangement surpris, sinon épouvantés, « de cette lumière jaillissant de toutes parts autour de leurs « embarcations. « Cette propriété phosphorescente de l’eau de la mer « portée a son maximum, et qui s’etendait au moins a trois (1) J.-B.-L. Artaud, pharmacien chimiste et naturaliste, membre de la société médicale d’émulation de la Martinique, correspondant de la société Linéenne de Paris et de la société des let tres, sciences et arts de Rochefort, communiqué par M. Repey, chirurgien de la marine royale. Annales maritimes et coloniales, 1825, t. 2, page 364 : Essai sur la phosphorescence de l’eau de la mer.

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