Voyages du père Labat de l'ordre des FF. Prêcheurs, en Espagne et en Italie. Tome II

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D’ESPAGNE ET D'ITALIE. 207 loüange des Florentins, qu’ils sont pour le moins aussi laborieux que les Genois, & c'est beaucoup dire. Rien n’est mieux cultivé que la Toscane. Je ne crois pas qu'on y voye un pouce de terre en friche. Le proverbe ancien, qui disoit que le Pape avoit la Chair de l’Italie, & que le Grand Duc n’avoit que les os, est à present bien changé, ou s’il est encore le même, il faut convenir que ces os sont à present couverts de beaucoup de chair, pendant que la chair qui est le partage du Pape est d’une maigreur effroyable. Les peuples se plaignent d’être trop chargés d’impôts. Si c’est un mal, & qu'il soit réel, il a produit un grand bien, il les a rendus laborieux, & industrieux ; & ils ont aux impôts la même obligation , que les Francs - Comtois ont à la France depuis que leur pays y a été uni par la conquête que le Roi défunt en a faite. Avant ce tems ils étoient gueux, & miserables, à peine avoient-ils une chemise, & du pain, quoi qu’ils ne payassent aucun droit au Roi d’Espagne leur Souverain. En changeant de maître, il a fallu changer d’état, & payer tous les droits qui sont levés sur les autres Provinces du Roïaume ? cela leur a ouvert l’esprit,


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