Œuvres de Léonard. Tome III

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DE

DEUX

AMANTS.

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je ne suis pas si vile que vous le pensez ; je n’ai point déshonoré ma naissance; je ne suis point une fille perdue ; on ne m’a point séduite : les sentiments d’honneur que vous m’avez transmis me sont encore chers. O ! souffrez que je Vous appelle mon père, et que je réclame auprès de vous la clémence paternelle ! Ne me faites pas mourir de douleur! N'ôtez pas la vie à celle qui la tient de vous ! Hélas! un jour viendra peut-être où vous gémirez de m’avoir traitée ainsi, et il ne sera plus temps. Je serrais tendrement ses genoux, en lui parlant. Loin de moi, serpent, a-t-il dit, et en agitant ses jambes, il m’a repoussée à dix pas de lui, sur le parquet : sa fureur était au comble; il a fait un serment horrible que j’épouserais son ami, ou qu’il irait m’enterrer dans des lieux dont je ne sortirais que pour descendre au tombeau : il a juré que si je vous revoyais, vous, mon cher Faldoni, si j’osais vous parler ou vous écrire, il m’accablerait de tout le poids de sa malédiction : sans vouloir rien entendre, il nous a brusquement laissées, et nous sommes demeurées comme frappées de la foudre. Suis-je assez malheureuse ? Le ciel me réserve-t-il. encore de nouvelles tortures ? Oh !


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